Amateurs de J-RPG à l’ancienne et de jeux rétro Nintendo, rassemblez-vous ! Aujourd’hui, je vous parle de Shiness : The Lightning Kingdom. Qu’est-ce que c’est ? Un jeu indépendant français… avec une ambiance japonaise… et des doublages anglais. Le tout, avec un enrobage rétro qui… comment dire ? Y a une odeur de nostalgie, faut l’avouer, mais y en a aussi une autre, nettement moins fraîche.
Un après-midi avec Shiness : The Lightning Kingdom
Qui se souvient de Shiness ? Oui car en avril 2014, il ne s’appelait que Shiness ! Un jeu indépendant développé par des “amateurs” français via Kickstarter. Une campagne ayant récolté près de 140.000 euros, quand même. Ça paraît beaucoup et pourtant, le jeu s’annonçait ambitieux. Exploration ouverte, combats dynamiques, dialogues à choix multiples, animation en cel-shading… c’est que ça coûte, tout ça ! Du coup, attendre le titre pour avril 2015, comme promis, tenait du rêve. Résultat ? Le jeu débarque deux ans plus tard, avec l’aide de Focus Home Interactive qui a décidé de donner un coup de main (et de portefeuille) au studio EniGami.
Le jeu s’appelle maintenant Shiness : The Lightning Kingdom et j’ai passé quelques heures dessus… avant de laisser tomber. Une déception, malgré tout l’amour que j’ai pour les histoires de studio-indé-qui-a-débuté-dans-un-garage. Et c’est d’ailleurs sur ce point que je souhaite m’attarder dans ce test, plutôt que de revenir en long et en large sur ce que d’autres auteurs ont déjà pu raconter.
Vieux, c’est pas rétro
Mais ils disent quoi au juste, les autres tests ? Dans l’absolu, Shiness : The Lightning Kingdom est encensé pour son ambition et l’histoire assez touchante du petit studio indé qui se cache derrière. Mais vous savez comme moi que l’Enfer est pavé de bonnes intentions et que celles-ci ne peuvent attester de la qualité d’un jeu. De là à affirmer de but en blanc que Shiness : The Lightning Kingdom est mauvais, il y a un pas que je ne franchirai pas. Non, ce n’est pas un mauvais jeu. C’est toutefois un jeu qui – même avec son postulat modeste – ne vit pas à son époque.
Graphismes datés, interface extrêmement lourde, choix de design douteux (je pense ici aux bulles de conversation mais pas que…) et doublages dignes des J-RPG de PS2, tout dans Shiness : The Lightning Kingdom a deux, voire trois générations de retard. Paradoxalement, cela trahit l’amour des développeurs pour une époque et des codes qu’ils ont tenté de retranscrire. La musique, par exemple, composée par le directeur créatif polyvalent du jeu, compte quelques pistes faisant l’effet d’une madeleine de Proust. Ce rythme effréné au synthé teinté de notes plus mélodieuses renvoie aussi à une époque qui parlera à toute une génération. Les tonalités se répètent toutefois et deviennent finalement assez anecdotiques.
Est-il si mauvais ?
Cette confusion entre “vieux” (pas bien) et “rétro” (bien) se voit renforcée par les nombreuses irrégularités. La lourdeur de l’interface et des phases d’exploration/plateforme (avec des murs invisibles à gogo, des pouvoirs bon marché pour progresser ou encore des dialogues inutiles) côtoie des combats dynamiques. Le moteur graphique hideux se paie quelques jolis plans (qui peuvent compter sur une direction artistique inspirée) ou encore de belles planches BD faisant office de cutscenes. En fait, Shiness : The Lightning Kingdom ne sait sur quel pied danser et du coup, nous non plus. Ce qui rend l’expérience ludique très désagréable.
Le dynamisme des combats reste néanmoins l’un des atouts majeurs du jeu, avec un système qui ignore totalement les codes du J-RPG et propose des affrontements proches de jeux de baston. Avec un système nettement simplifié, s’entend. La caméra peine à suivre mais cet ajout mécanique sert à grandement varier le gameplay, ennuyeux par ailleurs. Dommage toutefois que les ennemis se suivent et se ressemblent, de même que les touches sollicitées, qui finissent par sombrer dans la répétition. Oui, encore une confusion qui ne permet pas d’avoir un avis tranché.
Pas de quoi sauver les meubles ?
Si visuellement et ludiquement, Shiness : The Lightning Kingdom s’avère très inégal, le scénario a lui choisi son camp : celui de l’ennui. Une fois de plus, la noble ambition des développeurs de raconter une histoire épique dans un univers inédit et original avait quelque chose de séduisant. Le résultat, c’est une nouvelle fois un jeu datant d’il y a 20 ans, enchaînant les allers-retours et les échanges peu verbeux et surtout pas intéressants. Les doublages anglais surjoués minent toute la crédibilité des personnages et on perd très vite l’envie de saisir les tenants et aboutissants de l’histoire. Un constat regrettable, d’autant que les concepteurs ont également imaginé un manga racontant l’histoire de Chado et sa bande.
Ce qui m’amène au but de ce test : Shiness : The Lightning Kingdom est-il pour autant un mauvais jeu ? Prise dans l’absolu, cette question mérite pour seule réponse un oui bien plat. En revanche, je m’efforce de contextualiser les jeux auxquels je joue. Mon but n’est pas de cracher sur une oeuvre mais d’essayer de la comprendre. Ici, le manque d’expérience des développeurs apparaît comme une évidence. Ont-ils sous-estimé leur tâche ? Étaient-ils trop ambitieux ? Des questions légitimes auxquelles je n’ai aucune réponse. Cependant, on est loin du jeu commandé par une grosse boîte dont la médiocrité trahirait uniquement l’absence de motivation. À défaut d’être un bon jeu, Shiness : The Lightning Kingdom est un jeu inspiré, qui a été conçu avec amour. Un amour qui ne le sauvera pas mais qui mérite toutefois tout notre respect. On ne peut donc qu’encourager le studio de tirer toutes les leçons qui s’imposent et de réitérer l’expérience, avec des résultats que je souhaite plus prometteurs.
Résumé des scores
Jouabilité
Graphismes
Bande son
Fun
Trop old-school
Shiness : The Lightning Kingdom est ce poulain sur lequel on avait misé gros et qui s'est en fait avéré être une arnaque. Une arnaque à laquelle on pourrait presque s'attacher mais qui finit toujours par nous rappeler pourquoi il nous a tant déçu.
Revue de presse
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Conclusions hâtives de l’ami Musa
Je ne souhaite pas taper sur un petit studio en pleine phase d’apprentissage. Je ne désire pas plus rebuter des développeurs en herbe qui, malgré leur jeu très irrégulier, ennuyeux et en retard de quelques générations, sont parvenus à y insuffler tout l’amour qu’ils portaient pour un genre, des codes culturels et une époque que nous sommes nombreux à chérir. Cet amour brut peut avoir l’odeur et l’aspect d’un grossier morceau de charbon aujourd’hui, je souhaite à EniGami de peaufiner son art pour nous pondre un jour un diamant. Y a du boulot… mais la passion est là.
Et si vous avez, vous aussi, pu tester Shiness : The Lightning Kingdom, n’hésitez surtout pas à nous faire part de votre avis en commentaire,
Plus d’infos sur le site officiel de Shiness : The Lightning Kingdom
A très bientôt sur Sitegeek,
Musa
On a tellement envie de l’aimer…
Bande-annonce :
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