Chaque année, c’est la même rengaine. Geoff Keighley enfile son plus beau costume, astique ses chaussures et prépare son sourire ultra-bright pour ce qui est devenu, bon gré mal gré, la “grand-messe” du jeu vidéo mondial. Mais à l’approche de cette édition 2025, une petite musique dissonante commence à se faire entendre, et pas qu’un peu. Entre une sélection qui fait sourciller et un système de vote qui semble tourner en vase clos, on est en droit de se poser la question : les Game Awards célèbrent-ils vraiment l’excellence ou sont-ils devenus une simple vitrine marketing déguisée en cérémonie de remise de prix ?
Une sélection 2025 qui souffle le chaud et le froid
On ne va pas se mentir, l’année 2025 nous a offert de belles pépites. Voir un titre comme Clair Obscur: Expedition 33 (cocorico, c’est français !) se frayer un chemin dans les discussions pour les nominations fait plaisir à voir. Cela prouve qu’il y a encore de la place pour de la direction artistique audacieuse et du tour par tour nerveux au milieu des mastodontes. C’est le côté “baromètre” qui fonctionne : mettre en lumière la créativité.
Mais à côté de ça, on retrouve des choix qui laissent perplexe. Donkey Kong, par exemple. On adore le gorille de Nintendo, mais sa présence dans les tops de l’année interroge. Est-ce qu’on récompense la nostalgie ou l’innovation ? Et que dire de cette tendance, de plus en plus lourde, à laisser s’installer des suites sans saveur, voire de simples DLC, à la table des “Jeux de l’année” ? Quand une extension ou un remaster prend la place d’une nouvelle IP qui a pris des risques, le message envoyé aux créateurs est terrible : “Ne créez rien, recyclez, ça suffit pour gagner”. C’est un peu comme si on donnait l’Oscar du meilleur film à une version “Director’s Cut” d’un long-métrage sorti il y a trois ans.
Le jury français : L’École des fans 2.0 ?
C’est là que le bât blesse souvent : qui décide ? Si le vote du public pèse pour une petite fraction (10%), le gros du pouvoir réside entre les mains du jury médiatique. Et quand on jette un œil au panel français sélectionné pour cette édition 2025, on retrouve les tauliers habituels : JeuxVideo.com, Gameblog, Gamekult, BFM TV, Julien Chièze, JeuxActu, etc.
Attention, je ne remets pas en cause leur légitimité historique. Ce sont des piliers. Mais on peut légitimement s’interroger sur la diversité des points de vue. On a affaire ici à des médias qui, pour la plupart, dépendent énormément de leurs relations avec les éditeurs pour les exclusivités, les tests en avant-première et les voyages de presse.
Le risque ? Se retrouver avec une notation à la “Jacques Martin”, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Vous savez, cette fameuse critique “tiède” où les blockbusters ne descendent jamais en dessous de 16/20 parce qu’ils sont techniquement propres, même s’ils sont vides d’âme. En uniformisant le jury avec uniquement les plus gros acteurs du marché, on lisse forcément le résultat. On perd cette critique acerbe, ce petit site indé qui aurait osé dire “Non, ce triple A est ennuyeux à mourir malgré ses graphismes 8K”. Résultat, les gagnants sont souvent les jeux les plus “consensuels”, ceux qui ne froissent personne, ni les investisseurs, ni les rédactions.
Neutralité ou machine à hype ?
Finalement, la question de la neutralité des Game Awards reste entière. Il ne faut pas oublier que l’événement est financé par la publicité. Entre deux remises de prix, on nous bombarde de “World Premieres”. Comment imaginer qu’un éditeur, qui vient de lâcher un chèque à six chiffres pour diffuser le trailer de son prochain hit pendant la coupure pub, ne soit pas regardé avec un œil un peu plus bienveillant lors des votes ?
C’est tout le paradoxe de cette cérémonie. On veut y croire, on veut que ce soit nos Oscars à nous. Mais quand on voit des DLC nommés face à des jeux complets, ou quand on voit un jury qui semble parfois déconnecté de la réalité des joueurs (ou trop connecté à celle des éditeurs), le doute s’installe. Est-ce une célébration de l’art vidéoludique ou une gigantesque opération de communication validée par une presse parfois trop bon public ?
Infos pratiques : Pour suivre (ou boycotter) la cérémonie
Si malgré tout, vous avez envie de voir si Clair Obscur: Expedition 33 va créer l’exploit ou si la logique commerciale l’emportera, voici ce qu’il faut savoir pour l’édition 2025 :
- Date : Prévue pour le 11 décembre 2025.
- Où regarder : En direct sur YouTube et Twitch (sur la chaîne officielle The Game Awards).
- Heure : Comme d’habitude, il faudra prévoir du café, car ça se passe en pleine nuit pour nous, pauvres Européens (généralement début vers 1h30 du matin).
- Vote du public : Vous pourrez tenter de faire pencher la balance (même si ça ne compte que pour 10%) sur le site officiel quelques semaines avant l’événement. https://thegameawards.com/
Conclusion
Alors, baromètre indispensable ou vaste fumisterie ? La réponse se situe probablement entre les deux. Les Game Awards restent un spectacle incontournable pour les annonces, mais leur valeur en tant que “critique” réelle de l’industrie diminue à mesure que le show devient plus commercial et que les nominations semblent dictées par la prudence plutôt que par l’audace.
Et vous, quel est votre avis sur cette édition 2025 et sur la composition du jury ? Est-ce que vous accordez encore de l’importance à ces statuettes ou est-ce que vous regardez juste pour les trailers ? Dites-le-nous en commentaire !




