C’est la ruée vers l’or du XXIe siècle. Depuis l’avènement de ChatGPT, toutes les entreprises veulent leur part du gâteau “Intelligence Artificielle”. Mais derrière cette magie technologique se cache une réalité beaucoup moins reluisante : une consommation énergétique délirante et des datacenters qui pompent des millions de litres d’eau pour refroidir les cartes graphiques. Alors qu’on nous demande de baisser le chauffage l’hiver, les serveurs de la Silicon Valley tournent à plein régime. C’est dans ce contexte un peu anxiogène que le suisse Infomaniak vient de lancer son offre d’IA souveraine. Et spoiler : ils ont peut-être trouvé la solution pour concilier puissance de calcul et respect de l’environnement.
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Le problème invisible de l’IA générative
Il faut être honnête, quand on demande à une IA de nous générer une image de chat dans l’espace ou de résumer un PDF de 50 pages, on ne pense pas à l’impact carbone. Pourtant, l’entraînement et l’inférence (l’utilisation) des modèles d’IA sont des gouffres énergétiques. Les GPU (processeurs graphiques) nécessaires pour faire tourner ces mastodontes chauffent énormément.
La norme dans l’industrie, c’est de construire des hangars géants et d’installer des climatisations monstrueuses pour garder tout ça au frais. C’est une aberration écologique : on dépense de l’énergie pour produire de la chaleur (le calcul), puis on redépense de l’énergie pour annuler cette chaleur (la clim). C’est là qu’Infomaniak tape du poing sur la table avec une infrastructure qui prend le problème à l’envers.
La réponse suisse : transformer le problème en solution
J’ai épluché la documentation technique de leur nouvelle offre “AI as a Service”, et ce qui frappe, ce n’est pas tant la puissance brute (même s’ils sont équipés de GPU dernier cri), mais l’intelligence de leur infrastructure. Infomaniak ne se contente pas de planter des arbres pour compenser ses émissions. Ils ont conçu leurs datacenters (notamment le tout nouveau D4) pour ne pas utiliser de climatisation artificielle.
Leur secret ? Le refroidissement par air naturel filtré (free cooling). Mais le plus impressionnant, c’est ce qu’ils font de la chaleur fatale dégagée par les serveurs qui font tourner vos IA. Au lieu de rejeter cet air chaud dans l’atmosphère, il est récupéré pour chauffer des habitations. Concrètement, l’infrastructure d’Infomaniak chauffe l’équivalent de 6 000 foyers à Genève.
En utilisant leur API pour vos projets d’IA, vous ne faites pas que “consommer” du calcul, vous participez indirectement à un réseau de chauffage urbain. C’est un cercle vertueux assez unique dans le paysage tech actuel, dominé par des géants américains souvent épinglés pour leur consommation d’eau potable utilisée pour le refroidissement.
Souveraineté et Open Source : l’autre atout
Au-delà de l’aspect écologique qui me tient à cœur, l’offre a un autre argument de poids : la confidentialité. On le sait, utiliser ChatGPT ou Claude implique souvent que vos données partent sur des serveurs aux États-Unis, soumis au Cloud Act, et peuvent potentiellement servir à entraîner les futures versions des modèles.
Infomaniak propose ici une approche “suisse”. Les données restent en Suisse, sous une législation stricte sur la protection de la vie privée. Surtout, ils garantissent que vos données ne sont jamais utilisées pour entraîner leurs modèles.
Côté technique, ils ne cherchent pas à réinventer la roue mais à optimiser l’existante. Ils proposent l’accès à des modèles open-source reconnus comme Mixtral (de la pépite française Mistral AI) ou Llama 3. Pour les développeurs, c’est du pain bénit : l’API est compatible avec celle d’OpenAI. En gros, vous pouvez migrer vos applications existantes vers l’infrastructure d’Infomaniak en changeant juste quelques lignes de code, souvent pour un coût inférieur aux géants américains.
Pourquoi c’est important pour nous, les geeks ?
On a souvent l’image du geek qui se fiche de l’écologie tant que son PC affiche 144 FPS. Mais les temps changent. En tant que passionnés de tech, nous sommes les premiers responsables de la direction que prend l’industrie. Soutenir des initiatives qui prouvent qu’on peut avoir de la High Tech sans que ce soit de la Dirty Tech est crucial.
L’offre d’Infomaniak montre qu’une alternative européenne (enfin, suisse, mais c’est tout comme géographiquement) est viable. Elle est performante, respectueuse de nos données privées, et surtout, elle ne nécessite pas de sacrifier la planète sur l’autel du progrès technologique.
Conclusion
Avec cette nouvelle infrastructure d’IA, Infomaniak ne se contente pas de suivre la tendance, ils posent un standard. Celui d’une technologie qui réfléchit à son impact avant de penser à son profit immédiat. Si vous êtes développeur ou que votre entreprise cherche à intégrer de l’IA sans vendre son âme (et ses données) aux GAFAM tout en limitant son bilan carbone, c’est une option sérieuse à considérer. L’IA est là pour rester, autant faire en sorte qu’elle serve aussi à chauffer nos salons plutôt qu’à réchauffer le climat.
Et vous, seriez-vous prêt à changer vos habitudes et vos fournisseurs de services pour une solution plus écoresponsable, même si elle ne vient pas de la Silicon Valley ?




