Développé par Rogue Factor, un studio montréalais fondé en 2013 supervisé par Jonathan Jacques-Belletête, l’ex-directeur artistique de Deus Ex, Hell is Us est un jeu qui se veut ouvertement “Anti-AAA”. Et pour cause, le studio revendique haut et fort sa volonté de revenir à une expérience proche des jeux des années 1990, sans cartes ni marqueurs, misant sur l’exploration et la curiosité du joueur. À savoir que le jeu est accompagné d’une direction artistique marquée sans compromis et promet une immersion totale. Mais concrètement, ça vaut quoi tout ça ?
L’univers de Hell is Us
Dans les grandes lignes, Hell is Us se déroule à Hadéa, un pays fictif gangrené par des conflits et des créatures surnaturelles. On y incarne Rémi, un ex-soldat en quête de ses origines et de ses parents disparus. D’entrée, on remarque tout de suite que le jeu fait la part belle à l’exploration puisque on ne retrouve ni carte, ni marqueur de quête. Dans la pratique, ça ne se révèle pas très handicapant puisque le tout se déroule dans un monde semi-ouvert constitué de zones fermées que l’on débloque progressivement. Ceci étant dit, il est quand même recommandé d’être accompagné d’un petit carnet pour prendre des notes, car même si on ne se perd jamais dans le jeu, il est presque impossible de progresser sans tenir un petit journal de quêtes. Et oui, on sent que Blue Prince est passé par là et franchement, c’est cool ! D’autant plus que la direction artistique est très riche puisqu’elle alterne entre décors médiévaux et villages en ruines.
Entre énigmes et combats
Pour progresser dans Hell is Us, il faudra résoudre tout un tas d’énigmes basées sur l’observation et la recherche d’indices dispersés aux quatre coins de chaque zone. Notes à récupérer, inscriptions à déchiffrer, objets à examiner, par moments on se prendrait presque pour un Indiana Jones ou une Lara Croft du futur. Et franchement, le tout se révèle assez grisant puisqu’il est vraiment très chouette de fouiller et d’évoluer dans ce monde mystérieux composé de décors riches et variés. Malheureusement, on ressent assez rapidement une certaine répétitivité dans les énigmes puisque la plupart du temps, le tout ne demande qu’à faire des allers-retours et à lire des documents. J’aurais aimé plus d’interactions avec l’environnement, par exemple des mécanismes à manipuler comme dans Uncharted. Mais ne crachons pas dans la soupe, un bon petit sentiment d’accomplissement est bel et bien présent et il est très satisfaisant de progresser.
Les affrontements constituent quant à eux le deuxième grand pilier de Hell is Us. Immédiatement, on remarque que le tout se veut un peu exigeant et ne cache pas son inspiration des souls-like. Ceci dit, les combats sont quand même beaucoup moins difficiles que dans un titre de From Software et le jeu propose même plusieurs niveaux de difficulté. Le tout repose néanmoins sur un système d’esquives et de parades qui consomment de l’endurance et il est parfois nécessaire d’apprendre les patterns ennemis. Mais que les joueurs occasionnels se rassurent, on est quand même bien loin d’un Dark Souls. On est également accompagné d’un drone multifonction qui se révèle être un véritable compagnon de combat puisqu’il peut par exemple paralyser un ennemi, propulser le héros vers l’avant ou déclencher une attaque tourbillonnante. En bref, c’est assez cool, mais c’est quand même dommage que le bestiaire ne soit limité qu’à une dizaine de monstres puisqu’encore une fois, le sentiment de répétitivité s’installe rapidement.
Avis Hell is Us
Techniquement, Hell is Us est un titre assez réussi qui exploite parfaitement l’Unreal Engine 5 et qui parvient à sublimer des décors riches et variés grâce à des reflets impeccables et de beaux effets de lumière. On sent clairement que le studio a voulu miser sur une direction artistique assez singulière, ce qui apporte un bon petit vent de fraîcheur et ce même si l’univers du jeu est sombre et austère. L’expérience se veut tout aussi atypique qu’immersive et pourrait être décrite comme un hybride entre Dark Souls et Death Stranding, mais en beaucoup plus accessible. Malheureusement, Hell is Us montre assez vite ses limites en termes de combat, de narration et d’énigmes, ce qui l’empêche d’atteindre le rang de masterclass. Au final, les mystères à résoudre se révèlent simples et répétitifs et même si la proposition d’un jeu sans carte paraissait alléchante, on se retrouve souvent à ne faire que du FedEx. Côté bestiaire, le tout montre également ses limites et les combats finissent rapidement par tourner en rond. C’est dommage car certaines mécaniques comme l’endurance liée à la santé ou l’impulsion de guérison à la Nioh sont vraiment sympas. En conclusion, à force de trop vouloir jouer la carte Anti-AAA, Hell is Us loupe un peu le coche en proposant une aventure bancale qui ne restera pas gravée dans les annales.
Alors, il vous tente ce jeu ? Dites-nous tout dans les commentaires !
Johnny