Qu’on l’aime ou non, Jackie Chan est une icône du cinéma. J’avais donc très envie d’aimer The Foreigner, son dernier film d’action inspiré des productions des années 90. Oui, j’avais très envie…
Du Jackie mal recyclé
Jackie Chan est une véritable icône pour les gens de ma génération. Bien qu’il n’ait jamais côtoyé les films d’auteur, l’acteur chinois a révolutionné le cinéma hongkongais en créant son propre style : celui des combats chorégraphiés avec grâce et humour. Il l’a même importé à Hollywood, qui ne le lui a jamais bien rendu. En effet, Jackie Chan est un acteur aussi doué que sous-exploité de ce côté du Pacifique. Heureusement, certaines productions asiatiques ont permis à l’acteur de dévoiler un jeu plus riche, ne se cantonnant pas aux cascades improbables de la star.
Ce qui nous amène à The Foreigner, qui semblait s’inscrire dans une tendance récente, consistant à recycler des vedettes d’un certain âge dans des films d’action à l’ancienne. Pensez à Taken avec Liam Neeson ou encore à The Equalizer avec Denzel Washington. Des films nerveux, plutôt bien rythmés et fort divertissants. En voyant la bande-annonce de The Foreigner, c’est ce à quoi je m’attendais. Et très sincèrement, l’idée n’était pas pour me déplaire. Encore fallait-il que le film mène à bien son projet, ce qui n’est pas le cas.
C’est quoi l’IRA ?
Au risque de vous lasser avec la même chanson, The Foreigner souffre d’un scénario peu convaincant. Le contexte d’abord, qui ne parlera pas à tout le monde puisque Ngoc Minh Quan (Jackie Chan), un Chinois propriétaire de son restaurant à Londres, perd sa fille dans un attentat perpétré par l’IRA. Enfin, la “nouvelle” IRA puisque le film ne se déroule pas dans les années 90, qui connaissent un vrai pic de violence de la part de ce mouvement irlandais. Sachant que The Foreigner est adapté de The Chinaman de Stephen Leather, il est logique de reprendre l’IRA comme antagoniste mais le livre date de 1992, ce qui crée un souci dans l’esprit du spectateur qui tente de comprendre les motivations de ce groupuscule en 2017. Qu’à cela ne tienne, on s’en fout du contexte, que dit le scénario ?
Ce père meurtri par la perte de sa fille se met à “stalker” un ex-membre de l’IRA (Pierce Brosnan) pour tenter de savoir qui se cache derrière l’attentat. C’est là que la cohérence fout le camp. Car si la quête de justice de Quan est compréhensible, ses cibles semblent maladroitement choisies. Les imbrications, les retournements de situation et surtout l’ordre des révélations ôtent une bonne dose de crédibilité au film. C’est problématique car si sur papier, les événements semblent logiques, leur retranscription à l’écran et le rythme sur lequel ils reposent suscitent l’incompréhension. Je suis conscient qu’on n’attend pas ce genre de films pour leur scénario mais proposer un fil conducteur limpide est la moindre des choses. Quant au thème du Chinois étranger (= the foreigner), en dehors de l’un ou l’autre quolibet raciste, il n’est jamais exploité. Est-ce dû au livre ou une mauvaise adaptation ? Allez savoir…
Action !
Avec un pitch pareil, difficile de compter sur le casting pour sauver les meubles. On soulignera toutefois les prestations honorables de Jackie Chan et de Pierce Brosnan. Le premier s’avère très convaincant en père dévasté par la perte de sa seule famille, tandis que le second se paie un caractère volatile, donnant lieu à des scènes variées. Saluons également l’accent de Brosnan, qui m’a permis de découvrir qu’il était d’origine irlandaise ! #MindBlown Le reste du casting ne mérite pas d’être mentionné et sort tout droit d’un film de série B. Dommage enfin que les deux principales prestations s’affublent d’un script mal pensé et bien trop confus dans les thèmes qu’il souhaite aborder. Regarde-t-on un film sur la vengeance d’un père ? Un pamphlet anti-terroriste ? Ou un film d’action sur fond de trahison romantique ?
En gros, pour profiter de The Foreigner, il faudra se rabattre sur l’action. N’étant plus tout jeune, Jackie Chan ne peut plus se permettre d’incroyables acrobaties, ce qui ne l’empêche pas d’enchaîner quelques séquences divertissantes. N’espérez aucun combat typique de l’acteur mais attendez-vous tout de même à quelques scènes d’action dynamiques, le genre dont on profite distraitement, un bon pop-corn en mains. Malheureusement, ces scènes s’avèrent assez peu nombreuses, empêtrées dans l’imbroglio scénaristique du film.
Faut rester en Chine, monsieur l’étranger
The Foreigner n’est pas un bon film. C’est toutefois le type de film qui se laisse regarder, en zappant un samedi soir tandis qu’on reconnaît l’acteur vedette. Avec un scénario mieux cousu, plus cohérent et mieux rythmé, The Foreigner aurait toutefois pu s’élever au rang de bon divertissement. D’autant que Jackie Chan a déjà prouvé qu’il était capable de sortir du gimmick du combattant comique, comme dans l’excellent Shinjuku Incident qui réussit partout où se plante The Foreigner. Ce qui me conforte dans l’idée que Jackie Chan est un acteur qui brille davantage en Chine qu’en Occident. Bruce Lee nous avait pourtant mis en garde contre la sous-exploitation des acteurs chinois dans nos contrées… Quel dommage, et surtout quel gâchis.
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Moi, je vous dis à bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce