Ah, la nostalgie… c’est une drogue douce dont il est parfois difficile de décrocher. Quand j’ai vu débarquer Bubble Bobble Sugar Dungeons sur Switch, mon cœur de vieux gamer a fait un bond. Je me revoyais déjà sur Master System, enchaînant les niveaux avec cette petite musique entêtante qui a bercé mon enfance. L’occasion était trop belle : j’allais enfin pouvoir initier mon fils à cette licence culte, partager ce flambeau vidéoludique entre deux générations. Mais vous savez ce qu’on dit, il ne faut jamais rencontrer ses idoles, ou dans ce cas précis, leurs descendants ratés. Ce qui devait être une après-midi de complicité père-fils s’est transformé en une séance de frustration intense. Spoiler : ce n’était clairement pas ce que j’espérais.
Bubble Bobble Sugar Dungeons Switch
Caractéristiques techniques
| Plateformes | Nintendo Switch, PC, PlayStation 5 |
| Date de sortie | 27 novembre 2025 |
| Genre | Aventure / Puzzle / Plateforme |
| Développeur | Taito |
| Éditeur | Arc System Works |
| Jouable en ligne | Non |
Bubble Bobble Sugar Dungeons : Le pitch sucré-salé
Sur le papier, la promesse de Taito, épaulé par Arc System Works pour l’édition, semblait pourtant simple et efficace. On prend les dinosaures les plus mignons de l’histoire du jeu vidéo, Bub et Bob, et on les plonge dans une nouvelle aventure. Le concept de base reste inchangé : c’est de la plateforme en écran fixe (ou presque) où votre arme principale est votre capacité à cracher des bulles. Vous devez emprisonner vos ennemis à l’intérieur avant de faire éclater la bulle pour les envoyer valser hors du décor et passer au tableau suivant.
Cette itération “Sugar Dungeons” tente de moderniser la formule en intégrant une direction artistique entièrement tournée vers la confiserie et les sucreries. L’idée est de proposer une structure type « donjon » où la progression se veut plus exigeante. Pas de mode en ligne ici, on reste sur une expérience qui se veut conviviale en local ou solitaire. L’objectif affiché est de rafraîchir la licence tout en gardant son ADN arcade. Mais entre l’intention et l’exécution, il y a parfois un gouffre que même un saut de dinosaure ne peut franchir.
En pratique : Une indigestion vidéoludique
Dès les premières minutes, la manette en main, quelque chose cloche. J’avais vendu du rêve à mon fils : « Tu vas voir, c’est génial, on saute, on fait des bulles, c’est fun ! ». La réalité m’a vite rattrapé. Commençons par la direction artistique. Le thème « sucre et bonbons », pourquoi pas ? Mais ici, le rendu manque cruellement de charme. C’est coloré, certes, cependant d’une manière agressive et générique qui n’a rien de la poésie pixelisée d’antan. Et que dire de l’ambiance sonore ? La musique, censée être entraînante, devient une boucle répétitive et stridente au bout de trois niveaux. C’est simple, j’ai fini par couper le son pour préserver ma santé mentale et celle du gamin.
Mais le vrai problème, le cœur du naufrage, c’est le gameplay. La physique du jeu est aux fraises. On ne retrouve pas cette inertie précise et ce contrôle aérien qui faisaient le sel des épisodes originaux. Les sauts sont flottants, les collisions parfois hasardeuses. Pire encore pour les puristes : les développeurs ont supprimé une mécanique essentielle de la série, à savoir le « screen wrap » vertical. Vous savez, ce truc génial qui permet de tomber dans un trou en bas de l’écran pour réapparaître tout en haut ? C’était stratégique, c’était fun, c’était Bubble Bobble. Ici ? Rien. Vous tombez, vous êtes coincé ou vous mourrez. C’est une hérésie de game design pour cette licence.
Et parlons de la difficulté, ou plutôt de la frustration mal dosée. Le jeu adopte une structure de « monde donjon impitoyable ». Le concept ? Vous devez réussir une série de 10 niveaux d’affilée. Si vous touchez le moindre ennemi, c’est terminé, retour à la case départ. Aucune barre de vie n’existe, pas de check-points intelligents. C’est du « die and retry» bête et méchant. Pour un jeu qui attire visuellement les enfants, c’est une punition incompréhensible. Mon fils a lâché l’affaire au bout de 15 minutes, dégoûté par cette exigence artificielle qui ne récompense jamais le joueur. Ce n’est pas du challenge, c’est juste mal amené.
Conclusion : Gardez votre argent pour de vrais jeux
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je suis terriblement déçu par ce Bubble Bobble Sugar Dungeons. Ce n’est pas seulement un mauvais jeu, c’est un mauvais Bubble Bobble. La direction artistique sucrée ne parvient pas à masquer une pauvreté technique et un game design qui a oublié ses racines. L’absence des transitions verticales (le bas vers le haut) tue toute nostalgie et supprime la dimension stratégique des déplacements.
Ajoutez à cela une difficulté punitive totalement inadaptée au public visé et une bande-son qui donne envie de se percer les tympans, et vous obtenez un titre à fuir. Le pire dans tout ça ? Son prix. Il est vendu quasiment au même tarif que des chefs-d’œuvre récents comme Clair Obscur: Expedition 33 qui vient tout juste de rafler la mise aux Game Awards. Dépenser une telle somme pour cet épisode de Bubble bobble est impensable. Si vous voulez du rétro, ressortez vos vieilles consoles ou une émulation correcte. Pour le reste, passez votre chemin sans vous retourner.
Et vous, êtes-vous prêts à pardonner les erreurs de gameplay juste par nostalgie pour une vieille licence, ou l’exigence de qualité prime-t-elle avant tout ? Taito, le roi de l’arcade, tu fais quoi?
Gwen






