Tic, tic, tic, tic et Tac, rangers du risque… Ainsi commençait la ballade entrainante du cultissime animé Chip’n Dale. Néanmoins, en 1992 sortait en France la version éponyme du jeu vidéo sur Nintendo NES. Retour sur ce blockbuster d’un autre temps qui n’avait pourtant pas l’air d’y toucher.
Test vidéo de Chip’n Dale sur NES avec Gameplay
Tic et Tac, deux détectives aux poils inspirés
Chip’n Dale est donc un jeu 8-bits, sorti dans un premier temps sur le système arcade de Nintendo, le PlayChoice-10 en 1989. Développé et édité par Capcom, il a ensuite été porté sur Nintendo NES, dès 1990 au Japon. Jadis, le catalogue Disney brillait par son portefeuille de franchises pléthorique, notamment avec le cultissime Duck Tales. Lorsque Chip’n Dale est arrivé dans les bacs, j’ai eu la chance de le chopper quelques mois avant sa sortie dans mon petit magasin d’import local. À l’époque, l’écart entre les sorties US et Euro était tel que mettre la main sur un exemplaire en primeur, faisait de vous le Seigneur du village.
Au rayon des anecdotes, j’ai découvert bien des années plus tard que le binôme poilu que je voyais comme des écureuils, était en fait des Tamias, de petits mammifères rongeurs de la famille des Sciuridae ! Après avoir appris que Mario Bros ne se transformait pas en raton laveur, mais bien en tanuki, je pense que les jeux vidéo finiront par faire de moi un véritable Darwin. Bref, sinon, la tenue de nos deux rongeurs recèle, elle aussi, un secret de polichinelle que mes yeux de préado privilégié avaient zappé. La chemise Hawaïenne à fleurs et la combinaison d’aventurier des respectifs Tac (Chip) et Tic (Chip) ne singent en effet rien d’autre que les tenues des célébrissimes Magnum et Indiana Jones !
Certaines traductions relèvent parfois d’un caractère plus que douteux. Ici, c’est la non-traduction qui déroute. En effet, donner, à une paire de héros, un nom de strip-teasers pouvait faire sourire à l’époque. De plus, les errances de prononciations pouvaient amener à encore plus d’ambiguïté, je vous laisse imaginer. Notons finalement que le nom de la série rend hommage à un décorateur d’intérieur britannique Feu Thomas Chippendale. Allez chercher le lien, je ne le vois pas.
Chip’n Dale : Le scénario
Inspirée des aventures de Tic et Tac, l’expérience vidéoludique se calque sur l’animé. Vous incarnez un des deux avatars, au choix. Accompagné de vos fidèles compagnons, vous devrez sauver la belle souris Gadget des griffes du vilain Catox. Le tout méchant chat, déjà ennemi public numéro 1 dans le cartoon, a en effet enlevé la jeune souris. Heureusement, celle-ci a réussi à trafiquer et à détourner un appareil situé là où elle est tenue prisonnière. Ainsi, elle communique avec vous pour vous guider dans votre opération sauvetage. Pour information, un deuxième épisode est venu tenter d’épaissir le scénario, mais il n’a pas eu le même succès que son ainé.
Graphismes délicieux pour bande son onirique
Par rapport au dessin animé, le Character design est splendide. Tant du point de vue cosmétique que sonore, cette petite cartouche de 118 kb envoie une version pixelisée de l’œuvre originale avec une fidélité rarement égalée sur cette génération de consoles. L’environnement rappelle l’univers ultra coloré de Duck Tales. La disproportion entre les personnages et les décors offre un rendu de toute beauté dans le genre de Chéri j’ai rétréci les gosses. On retrouvera cette esthétique dans Castle of Illusion sur Megadrive, la même année d’ailleurs. Mais sur NES, à l’époque, c’était juste magnifique.
En termes d’animation, les 8-bits de la NES sont admirablement bien exploités et génèrent des attitudes excellentes. Vous serez par exemple sonné par votre boule lors des combats contre les chefs et vous transpirerez en portant des items plus lourds que la normale. Lorsque vous vous cachez dans une caisse, les yeux de votre rongeur inspectent les alentours, etc. Bref, ces petits détails accentuent la richesse visuelle et la qualité du design général du soft.
Un Gameplay à la croisée des chefs-d’œuvre
Vole comme Megaman, pique comme Duck Tales !
Avec les deux boutons A et B du pad NES, le gameplay parvient à exploiter la manette à merveille. Une touche pour sauter, une touche pour saisir / lancer un objet, et tout le reste se fait en combinaison avec la croix multidirectionnelle. Vous pourrez vous emparer d’un tas d’armes telles que des caisses ou des pommes. Vous pourrez les lancer vers le haut, la droite ou la gauche. Les boites permettent aussi de s’y cacher en appuyant vers le bas. Dans cette position, vous pouvez même lancer la caisse au ras du sol.
Sur votre route, vous récupérez des items bonus tels que le gland, les étoiles ou les fleurs. À la fin des stages, vous accédez à un stage extra qui permet de faire le plein. Ces moments de détente, peu inspirés sont toujours les mêmes et ne relèvent d’aucune difficulté particulière. Selon les stages et les défis, vous devrez aussi interagir avec le décor pour avancer. Par exemple, en sautant plusieurs fois sur le robinet, l’eau s’arrêtera de couler. À nouveau, ces manipulations étaient révolutionnaires à l’époque et on s’en régalait.
L’inertie de votre avatar, sa façon de se réceptionner et ses déplacements en général rappellent indubitablement Megaman de Capcom également. Cette gestion de la physique, alliée à l’univers Disney tel qu’on l’avait déjà rencontré dans Duck Tales, propulse Chip’n Dale au sommet des références sur NES. La difficulté n’est pas réglable, c’est peut-être le seul bémol, car finalement, après quelques heures de jeu et un peu de concentration, vous l’aurez bouclé.
Une map et des items, mais surtout un mode deux joueurs
Vous évoluez de stage en stage, en parcourant une carte entre les épreuves. Vous pouvez choisir votre chemin et privilégier un environnement plutôt qu’un autre, c’est sympa. Des boss ferment les stages principaux. Ils sont très faciles à déjouer. Souvent, vous devez les attaquer avec une balle rouge. Le vrai défi sera de ne pas vous autoflageller avec le rebond de votre balle justement.
Enfin, la culture du high-score n’est pas vraiment mise en avant puisque vous ne pouvez tenir à l’œil que l’inventaire de votre récolte. Ainsi, en appuyant sur select, vous accédez au menu des points dans lequel vous sera renseigné le nombre d’objets récoltés, à savoir les vies, les étoiles et les fleurs. Cette simplicité va de pair avec le peu d’exigence en termes de difficulté d’ailleurs.
Certes, le titre est un peu trop simple. Mais bon, le plaisir est ailleurs. Surtout dans la possibilité de jouer à deux simultanément. En effet, fait rarissime pour un titre de cette qualité à l’époque, vous pouvez jouer à deux en même temps, en incarnant chacun Tic ou Tac. Mieux, vous pouvez même porter votre acolyte pour le lancer sur les ennemis. Ce titre serait peut-être bien le chainon manquant précurseur de la coopération telle qu’on la rencontre dans les AAA d’aujourd’hui… Darwin, si tu nous regardes, on parle encore de toi !
Conclusion : Deux détectives hors pair qui font la loi ?
Et comment qu’ils dont la loi ! Ce Chip’n Dale n’a laissé personne indifférent. Parlez-en aux quadras autour de vous et ils vous diront soit qu’ils y jouent encore, soit qu’ils s’en rappellent comme si c’était hier. Vous connaissez Fortnite, vous avez poncé Call of Duty comme personne, mais n’oubliez pas que tout cela n’aurait pas été possible sans les fondements de l’amusement. Et en qualité d’amusement, Chip’n Dale sont au sommet de la chaine alimentaire.
À bientôt pour d’autres souvenirs pixelisés sur sitegeek. N’hésitez pas à évoquer vos Madeleine de Proust en commentaires, je me ferai un plaisir de les envisager dans mes prochains articles et vidéos.
Vega