Il y a des petits studios qui méritent une grande visibilité. Les Belges de Larian Studios en font indéniablement partie. Proposant des jeux de rôle extrêmement aboutis (certains diront “de niche”), le studio s’est forgé une vraie notoriété et réussit l’exploit de bluffer une nouvelle fois ses fans avec Divinity Original Sin 2.
Un après-midi avec Divinity Original Sin 2 sur PC
Si les gamers connaissent, de près ou de loin, Divinity Original Sin, peu savent que la saga remonte plus loin. Larian Studios a entamé son périple début des années 2000 avec Divine Divinity et sa suite Beyond Divinity. Deux RPG en vue isométrique qui posaient les bases d’un univers qui n’a cessé de s’enrichir. En 2009 d’abord, avec Divinity II : EGO Draconis, un RPG action qui proposait d’incarner un guerrier/dragon, et sa magnifique extension (et suite) Flames of Vengeance. Ensuite, la licence tombait dans l’oubli… avant de timidement repointer le bout du nez dans Dragon Commander en 2013, un jeu de stratégie/action. Ce n’est qu’en 2014 que le studio belge atteindra une vraie renommée internationale avec Original Sin, fruit d’une campagne Kickstarter. 2017, il remet le couvert avec Divinity Original Sin 2, une suite meilleure que l’original.
Des persos sur mesure
Cette mise en contexte est importante car elle témoigne de l’investissement de Larian Studios. Le studio a conçu un vaste univers d’une richesse peu commune au travers de plusieurs jeux et différents gameplays. Cet investissement se voit sublimé dans Divinity Original Sin 2 dès la création de personnages. En plus des personnages qu’on peut confectionner de toutes pièces, le jeu propose des personnages ayant déjà une Origine, un background. D’abord sceptique à l’idée d’incarner un personnage pré-tiré (comme on dit dans le jargon rôliste), on m’a vivement conseillé d’opter pour cette approche. Et quelle bonne idée ! En effet, le plaisir s’en voit grandi car les objectifs sont taillés sur mesure. Les dialogues s’en voient aussi considérablement enrichis (en plus d’être intégralement doublés).
Chaque Origine a sa propre quête, qui s’insère parfaitement dans la trame globale et n’ôte rien à la liberté du jeu. D’ailleurs, une fois son personnage choisit, on recrute les acolytes, qui sont en réalité les autres profils Origine, et là aussi la liberté est le maître mot. Malgré leur background, le joueur choisit leur classe suite à un questionnaire sur ce qu’on attend d’eux. Par exemple, si vous avez besoin d’un guerrier capable d’encaisser les coups, c’est ce qu’incarnera le PNJ. Et vu le nombre de classes ainsi que leur modularité, il y a vraiment de quoi évoluer sans jamais regretter son choix. Seul bémol : l’éditeur de personnages au choix limités. C’est bête mais dans un bon jeu de rôle, on aime bien avoir un avatar au physique unique et marqué. Rien de grave, cela dit.
Un exemple pour le 2D isométrique
En toute honnêteté, je ne suis pas un grand amateur de jeux isométriques. Je préfère les RPG en vue à la troisième personne. D’autant que peu de jeux isométriques parviennent à retranscrire un univers vivant et dynamique. Pour le coup, Divinity Original Sin 2 s’en sort à merveille. Le jeu est magnifique, la direction artistique riche et inspirée. Quel travail ! Les plans sont superbes, la faune et la flore vivante (un résultat pas évident dans de l’isométrique), l’eau ruisselle avec grâce, les flammes semblent dynamiques. Rien à redire. Et le mariage entre ces décors qui stagnent et les effets d’animation est parfaitement réussi. Tout au plus pourra-t-on pester sur cette impression d’artificiel dans les mouvements des personnages, un phénomène auxquels les jeux isométriques ne peuvent échapper.
La BO peut elle aussi compter sur le talentueux Borislav Slavov, qui remplace feu Kirill Pokrovsky, compositeur attitré la série jusqu’à Original Sin. De manière générale, la musique sert l’ambiance et immerge le joueur. À l’image des décors, la musique varie (un peu moins, peut-être…) mais le thème principal sort vraiment du lot et envahira de nombreuses playlists, je vous le garantis.
Écriture très riche… trop riche ?
J’abordais l’écriture avec le choix des personnages. Cette écriture s’étend dans tout l’ADN de Divinity Original Sin 2. Les choix de dialogue, de résolution d’actions, des tactiques de combat… la liberté est centrale et prend une ampleur qu’on retrouve rarement dans un jeu vidéo. Certes, le support implique des limites mais le jeu offre l’illusion d’être un acteur complet, d’influer sur le monde qui nous entoure. Les possibilités sont légions, on peut réussir, on peut échouer, qu’importe. En dehors de scènes clés, l’univers évoluera en fonction de vos choix. Un univers par ailleurs très riche, comme le remarqueront les fans, et qui garde cette touche d’humour subtil chère à Larian Studios sans tomber dans le gag.
Toute cette liberté a quelque chose de déstabilisant. Si la richesse et le feeling jeu de rôle constituent la plus grande qualité de Divinity Original Sin 2, certains y verront un “défaut”. Et ils auront partiellement raison. Les attentes des joueurs varient et donc le parti pris ne plaira pas à tou-te-s, même si ce n’est pas un défaut en soi. En revanche, l’absence d’un journal de quêtes fonctionnel ou d’une carte plus lisible risque d’agacer. D’autant que ces choix auraient pu être optionnels afin que tout le monde trouve son bonheur. Je me suis perdu plusieurs fois à cause d’un PNJ qui m’avait demandé de le rejoindre je-ne-sais-plus-où. Ou encore à gambader sans savoir ce que je devais faire. Prenez-en bien note avant de vous lancer. Ou appelez des amis, le jeu en sera plus fun et surtout moins frustrant, puisqu’il propose de jouer jusqu’à quatre en ligne.
C’est vous qui maîtrisez tout dans le jeu !
L’une des grandes forces d’Original Sin résidait dans ses combats au tour par tour, qui parvenaient malgré tout à offrir intensité et dynamisme. Divinity Original Sin 2 garde les mêmes bases mais en améliore les effets et mécanismes. Vous disposez donc d’un nombre de points d’action à dépenser selon les mouvements, attaques, etc. et vient ensuite le tour du combattant suivant. En ce sens, nous avons une fois de plus l’impression d’être dans un jeu de rôle papier. Les combats impliquent toutefois une gestion qui peut vite devenir étourdissante, en fonction du relief, des zones d’effet, des personnages disséminés sur la carte. Une gestion ô combien gratifiante mais qui, une fois de plus, s’adresse à un public très averti. Si vous espérez foncer tête baissée dans le tas, abstenez-vous car l’écran peut vite devenir très confus.
Reste le mode Maître du Jeu, véritable cerise sur le gâteau pour les rôlistes papier qui voudraient passer par un support virtuel. Après tout, les rôlistes n’ont pas toujours le temps ou les moyens de s’organiser et se réunir. Certains ont déjà adopté Roll20, une plateforme de jeu de rôle en ligne. Ce que propose Divinity Original Sin 2 semble plus dynamique et en tout cas certainement plus beau. Néanmoins, les possibilités sont assez énormes et vous pouvez gérer jusqu’aux plus petits détails (les rencontres, les ennemis, le loot, etc.), si bien qu’on en a vite le tournis. Moi-même qui suis très souvent MJ autour d’une table, je préfère passer par le papier et l’imagination. Néanmoins, le support s’avère très intéressant et il sera à terme possible de télécharger les campagnes créées par la communauté.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Bande son
Durée de vie
Écriture
Pour les rôlistes
Larian Studios confirme son talent avec un Divinity Original Sin 2 qui frappe plus fort encore que son aîné. Jamais le jeu vidéo ne s'est tant rapproché du jeu de rôle papier, avec tout ce que ça implique, dont une difficulté qui pourrait en rebuter certains.
Revue de presse
8/10Gamekult |
–/20Gamergen |
19/20JV.com |
9/10Gameblog |
Les rôlistes pourraient l’adopter
Divinity Original Sin 2 restera à jamais l’un des meilleurs RPG sortis sur PC. Complet, beau, dynamique, éprouvant, il propose tout ce que les fans hardcore attendent du genre. Il offre, en termes de liberté et de possibilités, un univers et un système aboutis. Peu de jeux vidéo peuvent prétendre émuler avec tant d’ardeur le jeu de rôle papier, auquel il rend un bel hommage, comme son aîné. Encore faut-il que les non-initiés un tant soit peu curieux puissent en apprécier les qualités, tant Divinity Original Sin 2 peut se montrer exigeant. Certains s’y perdront trop vite et passeront à autre chose, tandis que d’autres préféreront des jeux plus nerveux. Si vous aimez le jeu de rôle, il serait toutefois dommage de passer à côté d’un tel chef-d’oeuvre, d’autant que son mode MJ propose de compenser les aléas de votre agenda pour une partie en ligne.
Plus d’infos sur le site officiel de Divinity Original Sin 2.
À très bientôt sur Sitegeek.
Musa
Le RPG ultime ?
Bande-annonce :
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