Forspoken a ouvert le bal des AAA de 2023 en débarquant ce mardi 24 janvier en exclusivité sur PS5 et PC. Développé par les créateurs de Final Fantasy XV, ce jeu était assez attendu puisqu’il avait été annoncé comme une vitrine technologique. Alors, mission accomplie ou non ?
Forspoken ou Frey au pays des merveilles
Forspoken vous met dans la peau de la jeune Frey, une pauvre orpheline New Yorkaise qui ne vit pas vraiment sa meilleure vie. En quête d’herbe plus verte, elle se retrouve alors projetée dans un univers parallèle dans lequel elle va devoir endosser son rôle d’héroïne contre son gré et par conséquence, braver tous les dangers en affrontant des créatures fantasmagoriques. À la façon d’Alice au Pays des Merveilles, et les références y sont nombreuses, elle va suivre son destin et les conseils de Krav, son bracelet magique. D’ailleurs, elle tient avec lui de nombreux dialogues qui, reconnaissons-le, volent un peu trop au ras des pâquerettes. De plus, le langage de Frey n’est pas vraiment châtié, ce qui rend le tout un peu dérangeant. Les twists et la narration sont quant à eux plutôt vite expédiés et la quête principale se boucle en une petite quinzaine d’heures.
Forspoken se déroule donc dans le monde fantastique d’Athia et le moins que l’on puisse dire, c’est que les débuts sont hésitants. Et pour cause, on ne joue quasi pas durant les premières heures. Le prologue nous balade entre tutos, menus, cinématiques et autres interminables longueurs qui donnent une impression de lassitude et de déjà-vu. Là où les premières minutes d’un jeu vidéo sont censées nous captiver, ici elles nous donnent plutôt l’envie d’aller voir ailleurs. C’est donc après plusieurs heures d’ennui, et ce qu’on peut dorénavant appeler le prologue le plus soporifique de l’histoire du jeu vidéo, qu’on se dit qu’une mise en place aussi lente et aussi posée a surement été pensée pour mieux lancer une histoire trépidante… Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Open World cherche Level Design
Après ce préambule indigeste de plus de quatre heures, l’histoire se lance enfin et tous les tutos du prologue vont trouver leur sens. Les mécaniques ont été bien expliquées certes, mais comme pour le scénario, la somme des bonnes idées et les compétences à gogo ne vont pas trouver leur raison d’être. Tout simplement, car il y en a trop et que l’interface n’est pas du tout lisible. Entre les différents sorts, les puissances de magie, l’effet de notre vernis à ongle, l’amélioration et la construction des équipements, et enfin les esquives, les sauts et les déplacements rapides, on a vraiment du mal à s’y retrouver. En ce qui concerne les attaques, on peut opter entre des sorts offensifs et défensifs en utilisant L1 et R1, pour ensuite les lancer avec L2 et R2, en sachant qu’ils ont différents effets en fonction de la pression sur la gâchette et que l’on peut aussi combiner L1 et L2 pour lancer une sorte de super attaque. Bref…
Avec tout cela, on doit mener une quête principale qui est constituée d’exploration trop guidée, ainsi que d’éventuelles quêtes annexes sans grand intérêt, le tout saupoudré de combats que je n’ai pas trouvé transcendants (du moins pendant les trop longues premières heures). Un autre problème est le manque de liant entre l’histoire et le côté répétitif des phases de combat. Certes, les joueurs amateurs de ce genre de gameplay nerveux et complexe pourront s’y retrouver, mais en ce qui me concerne, ça a eu du mal à prendre. À la manière d’un Souls, il faut persévérer pour parvenir à balancer des attaques stylées, mais la patience n’est pas mon fort et n’est pas From Software qui veut. D’autant plus que les aptitudes les plus intéressantes tardent vraiment à arriver, ce qui rend le début de Forspoken encore plus soporifique.
Ensuite, parlons du level design. Avec l’annonce d’un immense open world, je me réjouissais de ressentir un vaste sentiment de liberté. Malheureusement, l’exploration est trop scriptée et les environnements sont assez vides, ce qui rend l’expérience un peu fade. De plus, quand on se trouve en ville, les déplacements lents et saccadés de Frey posent problème. Quand elle marche, elle est très rigide et quand elle se tourne, elle est souvent bloquée par un obstacle qui n’en n’est pas un. Cerise sur le gâteau, des cinématiques peuvent même se déclencher de façon totalement random. Et pendant les phases d’exploration, on peut dans un premier temps courir en utilisant la magie, pour ainsi gagner en légèreté et en fluidité, mais on a vite fait de tomber dans un précipice à cause d’une fausse manip. Un comble pour un jeu de parkour !
Techniquement à la ramasse ?
Il est un principe marketing qui m’est cher : « promettre moins pour offrir plus ». Et franchement, nombreux sont les entrepreneurs à succès qui se le sont imposés, ils vous le diront tous, c’est la clé. Eh bien Forspoken fait tout l’inverse. On nous annonçait une claque next gen, mais au final, le résultat est sans saveur et beaucoup trop souvent brouillon. Certains décors et certains paysages sont réussis, mais pour le reste, c’est assez décevant. Et ne parlons pas du mode performance qui ne flatte pas vraiment la rétine. D’ailleurs, 3 modes d’affichage sont disponibles : le mode qualité 4k sans le 60 images/sec, le mode raytracing avec une résolution diminuée, le mode performance avec une résolution moindre, mais avec le 60 fps. Enfin, notons que l’on peut aussi activer le mode 120 Hz si, bien entendu, on a une télé qui le permet.
Parlons à présent des PNJ et de leur regard de bovin. Je ne m’attendais franchement pas à ce genre de personnages figés dignes de la PS3. Et pour cause, ils sont tous mal animés et affublés d’un visage ressemblant aux statues de cire du musée Grévin. Même Frey, pourtant jolie et délicieusement interprétée par la ravissante Ella Balinska, semble à certains moments tout droit sortie de chez Madame Tussaud. Et encore une fois, que dire de la grossièreté de notre héroïne classée PEGI 18 ? Les ennemis sont quant à eux certes impressionnants, mais ne fonctionnent pas vraiment. Le design des zombies, des loups, des ours et des autres animaux de la ferme n’est pas vraiment inspiré. De plus, certains décors vides ne sont pas à la hauteur. Gageons toutefois que les musiques sont assez réussies et qu’elles parviennent à élever l’aventure en rythmant certains passages. Enfin, la Dualsense joue aussi le rôle audio du bracelet magique, ce qui est assez sympa et les gâchettes adaptatives fonctionnent bien durant les combats, ce qui ajoute quand même un peu de sel à l’immersion.
Avis Forspoken
Forspoken pullule de bonnes idées. Le pitch en lui-même incarne ce que j’adore dans la science-fiction et le jeu vidéo moderne. Malheureusement, son rythme cassé par des cinématiques omniprésentes, un level design vide et sans âme, ainsi que la physique hasardeuse de Frey sont venus annihiler presque tout mon plaisir. Ajoutons à cela un scénario et une technique en dessous du niveau attendu et il ne nous reste plus qu’une pléiade de sorts que l’on met beaucoup trop d’heures à dompter. Mais si vous êtes assez patients et courageux pour arriver jusque-là, vous trouverez peut-être de quoi vous divertir. D’autant plus que quand ils sont maitrisés, les combats en jettent à mort, et ce, grâce à des explosions et des jets de particules dans tous les sens. Mais en ce qui me concerne, j’ai malheureusement piqué du nez tout au long du jeu qui n’a réellement démarré qu’à la moitié de mon aventure. Je me suis réveillé à la fin d’une histoire qui ne me laissera pas vraiment de souvenirs mémorables. Sur ce, je vous laisse et je retourne sur la version next gen de Witcher 3.
Alors, il vous tente ce jeu ? Dites-nous tout dans les commentaires !
Johnny.