Rencontrez Tilo, la souris déterminée qui va, seule, braver tous les dangers pour retrouver sa douce et tendre… À l’image de son développeur qui a, presque tout seul, conçu avec amour ce Ghost of a Tale !
Un après-midi avec Ghost of a Tale sur PC
L’avènement du crowdfunding a donné un second souffle au jeu vidéo, permettant aux développeurs passionnés de mener à bien leur projet, loin du regard oppressant d’éditeurs déconnectés. Hélas, même les Kickstarter et consort ont succombé à l’industrialisation du jeu vidéo. La dimension subversive de ces plateformes s’est atténuée au fil des années. Ce qui nous amène à SeithCG, pseudonyme de Lionel Gallat, ex-animateur comptant sur son CV de gros titres tels que Le Prince d’Égypte, Souris City ou encore Moi, Moche et Méchant. Visiblement téméraire, le bonhomme s’est lancé dans la conception d’un jeu vidéo à lui tout seul. Rejoint ensuite par quelques précieux partenaires, c’est lui qui reste le créateur de Ghost of a Tale. Un jeu qui transpire l’amour d’un gamer passionné et qui prouve que, parfois, il n’en faut pas beaucoup plus pour réaliser une belle oeuvre.
Exploration souristique
Enfin, quand je dis qu’il n’en faut pas beaucoup plus, c’est une figure de style. Le travail abattu par SeithCG force le respect dès les premières minutes. Mettant à profit tous les outils du moteur Unity, le développeur nous plonge dans un univers médiéval avec une teinte de féerie. À commencer par le fait qu’on incarne Tilo, une “simple” souris, dans un labyrinthe jonché d’énigmes et d’objets à retrouver. Le tout en évitant soigneusement le regard effroyable de rats pas très futés. Le décor est ainsi planté, puisque le jeu repose a fortiori sur un schéma simpliste. On déambule au gré des prisons, bois, cours et châteaux qui ornent Ghost of a Tale. Ensuite, on se cache, on explore et on trouve l’objet qui nous permet de progresser. Très sincèrement, si je m’en étais tenu aux premières minutes, j’aurais abandonné et me serais lassé. D’autant que le jeu ne donne aucune indication quant aux objectifs à remplir.
Qu’à cela ne tienne, je me suis fait douleur et j’ai continué. Heureusement ! Car si la structure de Ghost of a Tale reste essentiellement la même, il faut s’y prêter quelques heures avant que la mayonnaise ne prenne vraiment. Tilo doit bien sûr éviter les regards ennemis en tenant à l’oeil leur jauge de détection, mais il doit également sniffer chaque recoin de la map. Fouiller les tiroirs et autres bacs, scruter le moindre renfoncement pour trouver des items qu’il devra remettre à un tiers ou encore un costume qui lui permettra de passer inaperçu. Ces costumes jouent d’ailleurs un rôle essentiel, octroyant à Tilo de multiples aptitudes. Mais rien de combatif. Ghost of a Tale est un subtil mélange d’infiltration et d’exploration qui s’assume.
Cours, Tilo ! Cours !
D’ailleurs, rappelons que Tilo est ménestrel de son état. Ce n’est pas un guerrier improvisé qui va manier l’épée du jour au lendemain. Son arsenal se compose d’objets parfaitement anodins, comme des bougies pour se repérer dans le noir (très profond, dans le jeu) ou des bâtons à balancer sur des mécanismes pour les activer. Quelques autres babioles lui permettront de surmonter les épreuves mais globalement, Tilo doit jouer les roublards pour se sortir de sa situation dramatique. Ben oui, les vilains rats ont enlevé son épouse, ce qui va motiver la petite souris à poursuivre l’aventure. D’autres personnages hauts en couleur l’épauleront – moyennant un service, bien évidemment. Tilo devra donc se cacher et courir pour remplir dans la foulée une série d’objectifs secondaires pour retrouver sa tendre et poilue.
Attention, toutefois. Courir a un prix. Celui d’une jauge d’endurance couplée à une jauge de vie, qu’il faut veiller à bien remplir en dénichant de la nourriture ci et là. Un système ingénieux qui rend les sprints de la souris extrêmement précieux et auxquels on recourt avec prudence. Heureusement (ou pas), l’I.A. des rats ne vole pas bien haut et il suffit généralement de se soustraire à leur regard et de se cacher dans n’importe quel contenant pour les semer. Vous l’aurez compris, Ghost of a Tale s’avère plus riche qu’au premier abord, sans être complexe. Quant à la sensation d’être complètement perdu et à l’absence d’indications, elle se voit récompensée par l’exploration du joueur, qui peut ainsi accéder à des cartes ou des compétences rendant la tâche plus facile.
Tu fé qu’t’es belle, toi !
Un jeu conçu par un seul homme (ou presque) ? Dans pareilles circonstances, on ne s’attend généralement pas à un bijou graphique. On est même prêt à pardonner pas mal d’errances et autres défauts. Autant vous dire que notre petite souris grise n’a rien à envier à un triple A classique. Ayant parcouru les images dévoilées tout au long de l’early access et du développement de Ghost of a Tale, je reste admiratif devant le travail abattu par le développeur. Ghost of a Tale est un beau jeu ! Très beau, même, si l’on tient compte de son contexte. Les plantes vivantes, les textures en relief, les animations des ennemis, leur gueule effrayante… on ne cesse de relever le soin esthétique apporté au jeu. Mais la star reste bien entendu Tilo. Il faut l’observer de près mais la souris dégage un dynamisme fou. Ses poils hérissés qu’on a envie de caresser, son museau qui frétille, ses yeux vifs la rendent incroyablement attachante.
Les PNJ ne sont pas en reste, jouissant d’un design qui leur confère une véritable identité, cumulée à leur humour bien trempé. Ce qui permet d’aborder l’écriture du jeu, de grande qualité et avec une localisation française qu’on n’attendait pas forcément et qui s’avère professionnelle. Le lore se révèle consistant et le jeu dispose d’assez de texte pour donner vie à son univers aussi enchanteur que singulier. S’il fallait chipoter, on pourrait regretter le manque de narration, celle-ci se confinant globalement au sous-texte. De même, quelques bugs (qui se règlent au fil des patchs) viennent ternir ce beau tableau et j’ai pour ma part eu droit à quelques chutes de framerate dont je me serais bien passées. Mais dans l’ensemble, c’est un défi extrêmement audacieux que relève le développeur. Bravo.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Scénario
Bande son
So cute !
Une souris qui part à la recherche de sa bien-aimée dans un nid de rats hostiles et sans la moindre arme ? Fallait oser. Le pire, c'est que ça marche...
Revue de presse
6/10Gamekult |
–/20Gamergen |
15/20JV.com |
8/10Gameblog |
Petit mais Tilo
Si j’en crois les tests existants ainsi que la note que lui attribuent les joueurs sur Steam (9/10), Ghost of a Tale semble faire l’unanimité. De là à prétendre qu’il s’agit d’un jeu mémorable et culte ? Peut-être pas. Il convient néanmoins de l’inscrire dans l’Histoire parmi ces titres qui ont triomphé, ne serait-ce que grâce à la détermination de leur concepteur. Sachant que le jeu est parti de l’imagination et du travail d’un seul homme, on ne peut que s’incliner devant un tel niveau de qualité. Ghost of a Tale est beau, drôle, prenant et satisfaisant. À condition bien sûr de passer une ou deux heures de frustration à se demander ce qu’il faut bien faire. Si en cette période de blockbusters vidéoludiques, vous cherchez quelque chose de plus original et de moins imposant, la petite souris pourrait bien vous intéresser.
Plus d’infos sur le site officiel de Ghost of a Tale.
À très bientôt sur Sitegeek.
Musa
La petite souris
Bande-annonce :
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Coucou. Sympa ton blog ! Je suis aussi comme toi, fan de lecture, écriture, jeux vidéo et ciné, entre autres. Merci pour cet article, je trouve que c’est super intéressant comme jeu. Je vais l’essayer ce week-end. Bye !