Loin d’être un fan du dessin animé, je savais que je m’aventurais dans un univers périlleux avec South Park : L’Annale du Destin… Mais là, c’est pire que tout ce que je pouvais imaginer ! Le tout sous couvert du galvaudé “politiquement incorrect”.
Un après-midi avec South Park : L’Annale du Destin sur PS4
Je le dis d’emblée : je ne suis pas fan de South Park. J’ai toujours préféré le cynisme et le satire des Simpsons à la prétendue irrévérence de South Park, qui flirte bien plus avec la vulgarité gratuite. Pour avoir visionné quelques épisodes, je peux toutefois saisir le ton et la volonté satirique des auteurs, je n’y adhère simplement pas dans la forme. C’est trop gras, trop scatophile à mon goût. Reste que j’avais assez apprécié South Park : Le Bâton de la Vérité pour son gameplay, son concept et surtout son esthétique si proche de la série. Je me suis donc laissé tenter par South Park : L’Annale du Destin, malgré la promotion “proutesque” (et grotesque) façon The Voice d’Ubisoft. S’il ne me réconciliera certainement pas avec le dessin animé, L’Annale du Destin est loin d’être un mauvais jeu.
Satirique ou purement gratuit ?
Je crève l’abcès : il y a une nuance entre la satire et la vulgarité gratuite. South Park s’en tape et joue sur les deux tableaux. On se retrouve face à de bonnes idées, de la provoc’ et une généreuse couche de caca pour faire passer tout ça. J’aime la satire et n’ai rien contre la grossièreté si elle sert la fiction mais j’ai franchement beaucoup de mal à comprendre certains passages dans South Park : L’Annale du Destin. Je ne prendrai qu’un exemple : le club de striptease. Comme si le fait d’y incarner des gosses n’était pas suffisamment malsain, on a droit à un show de lapdance sur les genoux de deux pédophiles. Désolé mais y a un moment où je ne suis plus. On dépasse largement le cadre de l’humour scatophile (qui n’est peut-être pas frais mais s’avère nettement moins malsain).
Et c’est dommage ! Car sous cette surcouche dégueulasse se tassent plein de bonnes idées et vannes subtiles. Qu’il s’agisse des parents qui font leur crise de la quarantaine en essayant de couver leur gosse ou de la “difficulté” accrue pour un personnage noir, le jeu peut compter sur un humour piquant bien plus subtil. Le thème du super héros est lui aussi tourné en dérision avec brio, de la franchise de films imaginée par Cartman à la gué-guerre que se mènent les deux clans alliés. Je me demande juste pourquoi le jeu (et par extension, la série) a besoin d’être si gratuit dans son traitement humoristique. Fatalement, South Park : L’Annale du Destin s’adresse aux fans hardcore, pas sûr que les non-initiés y trouvent leur bonheur.
South Park, le tactical-RPG
Passons aux autres aspects de South Park : L’Annale du Destin. Si Le Bâton de la Vérité comptait sur un gameplay ingénieux, celui-ci a été revu et plus ou moins corrigé. On garde le tour par tour à la J-RPG mais la liste défilante cède la place à une approche plus “tactique”. Les personnages se retrouvent sur un terrain grillagé, avec des cases qui gèrent les déplacements et les zones d’attaque. On s’y déplace librement (un nombre de cases par tour) et on recourt à l’une de ses quatre actions : trois parades normales (attaque, boost ou soin) et une attaque ultime. À cela s’ajoutent les invocations, aux effets puissants et à consommer judicieusement. Enfin, les pouvoirs peuvent évoluer et les différents profils (super force, éléments, super vitesse, etc.) qu’on se choisit permettent de varier les plaisirs.
En plus d’être bien pensé et rafraîchissant, ce gameplay combine dynamisme et stratégie. En effet, il est vital de bien gérer l’espace sur la grille, que ce soit pour prendre un adversaire en tenaille ou éviter une attaque de zone. Et que l’aspect tactique ne vous effraie pas ! Le système, très intuitif, se prend tout de suite en main. Par ailleurs, les attaques s’inspirent tellement de l’univers des super héros qu’on en perd l’aspect scato de la série (beaucoup de poing, de lasers et très peu de pets, finalemnt). Quelques défauts, tout de même. Premièrement, on ignore complètement pourquoi telle attaque recouvre telle zone. On s’y adapte mais on saisit pas trop la logique. Parfois, on peut attaquer en diagonale, parfois pas… pourquoi ? Ensuite, limiter dès le début à 3 le nombre d’attaques peut paraître frustrant. Pourquoi ne pas proposer une liste des coups connus ?
South Park : Civil War
Si je n’adhère pas toujours à l’humour de South Park, je peux reconnaître les qualités “scénaristiques” de L’Annale du Destin. Il tourne habilement en parodie les films de super héros de ces dernières années et ne se contente pas de le faire lors des cinématiques. La force du jeu réside dans son contexte. Quand, en plein combat, une voiture passe et que les gosses montent sur le trottoir. L’un d’eux sort alors “Va te faire foutre, c’est la guerre civile ici !” au conducteur. Le jeu regorge d’interventions de ce type et l’environnement, de A à Z, est mis au service de cet humour. Le compte Coonstagram, par exemple, où l’on prend des selfies pour gonfler sa jauge d’influence, et où les interactions peuvent être hilarantes. Ou la manière dont on remplit sa fiche de personnages, avec des scènes cocasses (notamment quand on doit choisir son sexe).
Dès qu’on gratte la couche d’excréments et de pets, South Park : L’Annale du Destin joue parfaitement son rôle d’oeuvre parodique. Il jouit pour ce faire d’une carte parfaitement modélisée et lisible, remplie de missions plus nombreuses que dans l’épisode précédent. Si certaines se limitent à récolter des items ou autres quêtes FedEx, d’autres sont scénarisées avec soin et dans le ton. Le titre profite également d’un système de crafting qui implique de looter autant que possible. Ce qui n’est pas bien compliqué puisque tout tiroir, armoire, sac muni d’un poignée jaune peut être ouvert (idem pour les portes). Le jeu en regorge et on se retrouve avec un inventaire plein. South Park : L’Annale du Destin peut en outre compter sur une interface remaniée et bien plus lisible. Bref, tout est là pour occuper le joueur pendant une bonne quinzaine d’heures.
Pardon my French, butthole !
L’Annale du Destin ne serait pas un South Park s’il ne pouvait compter sur une réalisation digne de l’oeuvre originale. Graphiquement, Le Bâton de la Vérité semblait déjà très authentique mais L’Annale du Destin est tout simplement bluffant. Les décors, la modélisation fidèle des personnages, l’animation fluide et en même temps “saccadée” du dessin animé… Une fois de plus, on a l’impression de visionner un épisode interactif vachement long ! Un sentiment renforcé par la transition naturelle entre séquences in-game et cinématiques, ainsi que la quasi-absence de chargements.
La bande son oscille entre les tons anodins du dessin animé (complètement décalés avec l’univers) et des thèmes plus épiques sortis tout droit d’un film de super héros lambda. Rien de mémorable mais une réussite pour l’immersion. Une immersion qui risque d’être mise à mal pour les fans francophones, cela dit. Car si South Park : L’Annale du Destin s’adresse in fine aux fans convaincus du dessin animé, ceux-ci peuvent faire une croix sur le doublage français officiel. D’après les acteurs, qui ont appelé au boycott du jeu, la compagnie de doublage serait en cause. Du coup, si vous jouez à L’Annale du Destin, je recommande vivement la VO, de bien meilleure qualité et officielle, pour le coup.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Bande son
Durée de vie
Scénario
Jeu pour scato
South Park : L'Annale du Destin est le digne héritier du Bâton de la Vérité. Un RPG accessible et dynamique, qui respecte fidèlement les codes de la série. Pour le meilleur comme pour le pire...
Revue de presse
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Toujours plus, toujours plus
Qu’on aime ou non South Park, on ne peut nier les qualités de L’Annale du Destin. Sous ce titre, qui en dit déjà bien long sur le ton, se cache un jeu qui s’adresse avant tout aux fans hardcore du dessin animé. L’humour gras et scatophile du dessin animé en tapisse chaque pixel et se complaît dans une gratuité malsaine qui fera chavirer l’estomac des néophytes. Dommage, car l’humour sous-jacent s’avère nettement plus subtil et propose une lecture satirique de cette petite bourgade du Colorado. D’autant que cette suite a revu son interface et son système de jeu, pour des affrontements bien plus dynamiques et pourtant intuitifs, malgré quelques points d’interrogation et autres limitations. Quoi qu’il en soit, les fans de la première heure devraient adorer et passer un bon moment aux côtés de Cart… pardon, Le Coon et ses amis.
Plus d’infos sur le site officiel de South Park : L’Annale du Destin.
À très bientôt sur Sitegeek.
Mus
Un jeu de “merde”
Bande-annonce :
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