D-Start est un jeu de rôle édité par Matagot. Sorti en septembre 2017, cette boîte contient un livret de règles de 12 pages, des dés, un écran et plein de scénarios. C’est bon, vous avez tout ce qu’il faut pour découvrir le jeu de rôle !

D-Start

« MJ travaille dans une boutique geek. 

Un client qui semble perdu arrive et demande timidement : Euh… Bonjour, excusez-moi… *rire nerveux* j’ai regardé cette série sur Netflix… Stranger Things, ça s’appelle. Et euh… je voulais un peu me renseigner sur les jeux de rôle… c’est bien comme ça qu’on les appelle ?

MJ, le sourire typique d’un vendeur aux lèvres : Oui, tout à fait, Monsieur. Et que voudriez-vous savoir exactement ?

Client, visiblement encouragé par la réaction de MJ : Eh bien, j’étais un peu curieux de savoir comment ça marchait. Comment on y joue. Par où commencer.

MJ hoche le doigt, faisant mine de comprendre et souriant avec condescendance : Ah, Monsieur ! Vous avez frappé à la bonne porte. J’ai exactement ce qu’il vous faut, suivez-moi !

Le client semble ravi et a les yeux qui pétillent, prêt à s’initier à ce loisir qu’il suivait de loin.

MJ parle tout en marchant : Alors, vous savez, il y a toutes sortes de jeux de rôle. Et virtuellement aucune limite, puisque tout se fait à l’imagination. En gros…

Le client l’écoute distraitement mais regarde surtout avec anticipation vers où MJ l’emmène.

MJ continue de parler : … et faut savoir qu’il n’y a pas que le med-fan (ou medieval fantasy) que l’on retrouve dans Donjons & Dragons mais aussi…

Le client ne l’écoute plus et semble apercevoir une rangée de bouquins et de boîtes devant MJ.

MJ poursuit : … et donc vous pourrez jouer dans tous les univers qui vous plaisent, quels qu’ils soient ! Il vous suffit juste de trouver quelqu’un qui veut bien lire les règles et faire vivre l’histoire aux autres, celui qu’on appelle communément le maître du jeu ou MJ.

MJ s’arrête devant des étagères et se retourne brusquement, saisissant le client qui se souvient subitement qu’il était en train de suivre quelqu’un. MJ prend une boîte et la montre au client.

Client, intrigué : Euh… qu’est-ce que c’est ?

MJ baisse la voix d’un air dramatique, comme s’il allait confier un secret au client : Ça, mon bon monsieur, c’est le must du must pour découvrir le jeu de rôle. Ça s’appelle D-Start, c’est une boîte d’initiation qui contient tout ce qu’il vous faut pour commencer à jouer en même pas une demi-heure. Vous avez plein de scénarios avec des univers variés inspirés de Harry Potter, des X-Men ou encore des Trois Mousquetaires. 

Il pose la boîte un peu trop brusquement dans les bras du client.

Client : Euh… mais… *se racle la gorge* vous auriez pas Donjons & Dragons, par hasard ?

MJ : … »

On décortique D-Start

 

D-StartOutre des dés, des plans, des cartes, des tonnes de cartes de personnages pré-tirés et un écran format A5 (quand il est plié, of course !) en 4 volets, D-Start contient :

  • Règles du jeu (12 pages), le livret de règles qui prend une première page pour expliquer ce qu’est un jeu de rôle et les différents rôles, et une seconde pour résumer les 10 scénarios, avant de détailler les règles en 8 pages, la dernière étant une fiche de personnage ;
  • L’École des Mages (8 pages), un scénario dans lequel de jeunes sorciers vont sauver des amis dans une école de magie ;
  • L’Étoile d’acier (8 pages), où des rebelles doivent infiltrer une grande base spatiale ;
  • Les Cadets des Mousquetaires (8 pages), où de jeunes mousquetaires doivent aider à sauver D’Artagnan ;
  • Kung-Fu Master (8 pages), où des disciples d’un monastère pratiquent le kung-fu pour stopper une armée ;
  • Aqua Aetarium (8 pages), où des ados vont tenter de sauver un animal des griffes de scientifiques fous ;
  • En Territoire Zombie (8 pages), où des héros portent l’ultime sérum pouvant sauver l’humanité des zombies ;
  • La Libération des Mutants (8 pages), où des mutants prisonniers vont tenter de s’échapper d’un laboratoire secret ;
  • La Chute de la Maison Cusher (8 pages), où un groupe d’adolescents va visiter une maison hantée dans les années 1920 ;
  • L’Île de la Mort (8 pages), où plusieurs groupes se retrouvent sur une île… peu d’armes, peu de survivants ;
  • Hardcore Gamers (8 pages), où des joueurs doivent trouver la sortie d’un jeu vidéo de style médiéval classique dans lequel ils ont été aspirés ;
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C’est bon, vous avez tout ce qu’il faut pour jouer !

 

Matériel : Pas du haut de gamme mais tout ce qu’il faut pour se lancer

 

Un livret de règles (certes court mais efficace), un écran rigide, 10 scénarios, 50 fiches de personnages, des aides de jeu et 45 dés. Le tout dans une jolie boîte cartonnée avec une superbe illustration. Franchement, pour 35 euros, on a vu pire. Concrètement, D-Start reprend sur son écran les illustrations de la boîte, tandis que l’intérieur résume les règles. C’est simple, l’écran épargne le MJ de devoir feuilleter les règles tant il est complet. Les avantages/désavantages, les caractéristiques, la résolution, les combats et les dés spéciaux ; tout s’y trouve. Les dés blancs et rouge sont joliment laqués et la peinture de points ne dépasse pas (rigolez pas c’est pas toujours le cas…). Les aides de jeu (des plans, principalement) sont imprimées sur papier cartonné en deux exemplaires (version  MJ et PJ).

Les fiches de personnages pré-tirées tiennent dans la main et contiennent au recto une illustration et au verso ses caractéristiques, son histoire et son équipement. Dommage que les cases de santé ne s’y trouvent pas, il faudra pour cela découper 30 mini-cartes. Je soupçonne l’auteur de ne pas vouloir « salir » les fiches de personnages en carton plastifié, un choix compréhensible. Bref, rien de très contraignant. Dans l’ensemble, le matériel est de bonne qualité. On reste cependant loin des accessoires haut de gamme que proposent les grands éditeurs du milieu. Mais pour peu qu’on prenne soin de son matos, ce n’est absolument pas grave (35 euros, remember ?).

D-Start

Du matos tout à fait correct !

Design & lisibilité : C’est court, c’est simple, c’est complet

L’auteur de D-Start, Fabien Fernandez, force le respect avec son jeu. Il enchaîne les exploits : D-Start est à la fois dense et facile à lire, court et complet, intuitif et ingénieux. Le livret noir et blanc en papier se paie quelques illustrations et divise ses pages en deux colonnes pour une lecture espacée. La typographie, neutre, est de suffisamment grande taille pour alléger la lecture. Des cadres gris d’exemple et de conseils agrémentent le tout, pour un système abouti et pédagogique. C’est simple, sans fioritures, et ça se lit avec beaucoup de plaisir. La fiche générique de personnage s’inscrit dans cette logique et contient tout ce qu’il faut (même les cases de santé).

Les scénarios proposent une couverture typée, suivie d’une copie des éventuelles aides de jeu et d’une trame scriptée. Les colonnes latérales indiquent les informations liées aux antagonistes rencontrés, tandis que la dernière page reprend les personnages pré-tirés de cette aventure. On ne peut donc rien reprocher à D-Start en matière d’édition, même si une fois de plus, il ne faut pas s’attendre à de la haute qualité. Oui, c’est du papier simple. Oui, c’est en noir et blanc. Mais c’est tellement bien fait qu’on s’en fout !

D-Start

Des aides de jeu à l’image du reste : efficaces et sans fioritures

Système de jeu : Tiens, lis ça… c’est bon, on peut jouer

Si vous lisez mes critiques, vous savez que je glisse de plus en plus vers des systèmes simples, sans trop de calculs, de fiches à X pages ou de détails inutiles. À noter qu’un système peut être court et fastidieux à la fois… Heureusement, ce n’est pas le cas de D-Start. En 8 pages de règles, l’auteur met chaque phrase, chaque mot à profit afin d’expliquer avec pédagogie au lecteur son système. On a donc deux caractéristiques (physique et mental) de 1 à 3 points. On lance autant de dés blancs (indiquant un point noir ou rien sur chaque face) que de points et on doit obtenir 1 à 3 réussites, selon la difficulté. Les personnages disposent d’avantages et désavantages pouvant leur octroyer des réussites et/ou échecs supplémentaires.

Au fil de la partie, ou si les circonstances s’y prêtent, les joueurs peuvent également recevoir des méta-dés (rouges), à l’effet aussi bénéfique que redoutable. En effet, ces dés ne peuvent aboutir qu’à deux résultats : 2 réussites ou 2 échecs supplémentaires. Enfin, les dégâts se divisent en deux catégories : contusions (non-létales) et plaies (mortelles). Et pour ajouter une dose d’aléatoire et atténuer la frustration des blessures, la jauge de santé offre des méta-dés à mesure qu’on se blesse. Un système simple, efficace, qui s’assimile en quelques minutes et permet de jouer immédiatement (pour de vrai hein, contrairement à des jeux qui ne tiennent jamais cette promesse). Seul bémol : les capacités spéciales, indiquées sur les fiches des personnages pré-tirés, ne sont pas toujours très claires et diffèrent d’un univers à l’autre, sans aucune note à ce sujet dans le livret de règles.

D-Start

Avec ça, vous pouvez déjà commencer à jouer à D-Start

Scénarios : Du gentil « plagiat »

C’est clairement le point qui me dérange le plus. Je suis extrêmement divisé face aux choix scénaristiques de l’auteur. Je pense comprendre sa volonté mais n’y souscris pas. Du moins, pas complètement. En gros, les 20 scénarios de D-Start s’inspirent (euphémisme…) des grandes pontes de la culture populaire. Harry Potter, Star Wars, X-Men, Hunger Games, The Walking Dead. Tous les classiques y passent. On a du coup l’impression de jouer à une parodie ou à un film de série B qui sent le plagiat. Je me doute fort bien que l’objectif est d’initier au jeu de rôle en proposant aux joueurs un contexte familier. Et je respecte ce choix, d’autant que les scénarios se paient quelques idées intéressantes. Mais je vous laisse lire le synopsis de L’Étoile d’acier ci-dessous… ça manque un tout petit peu d’originalité.

Ce n’est pas dramatique pour autant. D’ailleurs, ce qui me conforte dans mon interprétation de ce choix, c’est la trame même des scénarios. En fait, l’objectif ici n’est pas de jouer une aventure de A à Z. Vous rejouez par exemple l’imitation de la dernière séquence de Star Wars, par exemple. Ou vous vous échappez en tant que mutants d’une prison obscure, point. Aucun contexte n’est donné ou très peu. D-Start s’intéresse à la mise en situation, ni plus, ni moins. Soit typiquement le genre de jeu qu’on voudrait avoir avec soi pour montrer rapidement à ses copains ce qu’est le jeu de rôle. Ainsi, malgré mes réserves, les scénarios prennent sens.

D-Start

Cherchez pas l’originalité dans les scénarios…

Conclusion : La star des conventions

J’ai feuilleté pas mal de bouquins d’initiation, de démos et autres jeux censés accompagner les néophytes dans l’univers particulier des rôlistes. Pour autant, je n’ai jamais trouvé un jeu satisfaisant. Je commençais même à me demander s’il en existait, si bien que j’ai utilisé un système maison pour initier des débutants. D-Start vient ainsi combler un manque dans le milieu et il le comble avec brio. Ses défauts sont dérisoires face à ses grandes qualités. Mieux encore, avec sa pédagogie express et son matériel prêt à l’emploi, D-Start est un jeu parfait pour les conventions où des geeks curieux viennent tâter du jeu de rôle. Son attirail, son système et ses scénarios aussi courts qu’involontairement drôles permettront à bien du monde de découvrir les joies du jeu de rôle.

À bientôt sur Sitegeek,

Musa

Verdict

Matériel
Design et lisibilité
Système
Scénarios

D-Start est LE jeu qu'il vous faut en convention pour initier les néophytes au jeu de rôle. Simple, rapide, efficace et plutôt pédagogique, c'est le kit prêt à l'emploi parfait lors d'un événement populaire.