Dès les premières images, The Gardens Between m’a séduit. Encore fallait-il que notre premier échange soit concluant… Et alors que notre histoire est finie, je suis toujours amoureux.
Un après-midi avec The Gardens Between sur PS4
Je suis, en matière de culture, bon public. J’aime les blockbusters, j’aime les jeux vidéo triple A, j’aime le soft rock (on ne juge pas, OKÈ ?!). Mais si vous lisez mes articles (ce que vous faites, n’est-ce pas… n’est-ce PAS ?!), vous savez que je suis intransigeant sur la qualité. Cette distinction entre ce qu’on aime et ce qui est bon constitue le coeur du travail que j’essaie de faire sur Sitegeek. Aussi est-ce toujours un plaisir de tomber sur une oeuvre qu’on n’attendait pas forcément et qui s’avère tout simplement magique. Bon, je m’emporte car The Gardens Between n’est peut-être pas un jeu objectivement parfait. Il n’en reste pas moins une expérience ludique et onirique que j’ai savourée du début à la fin, ce qui n’a malheureusement pas duré trop longtemps.
Love at first isle
Dès le premier contact visuel, c’est le coup de foudre. The Gardens Between est beau ! Outre l’aspect technique qui propose un trait atténué avec des couleurs qui se fondent les unes dans les autres, le jeu de The Voxel Agents jouit d’une direction artistique à couper le souffle. Le jeu d’ombres et de lumières avec les couleurs palettes évoquent une nostalgie énigmatique qui rassure dès les premières minutes. Chaque île faisant office de niveau dispose d’une aura propre, baignant tantôt dans une atmosphère austère et grisâtre, tantôt dans un soleil éclatant. Le son s’adapte à chacun de ces décors, tant via ses effets sonores qui contribuent à l’ambiance nostalgique du jeu que par ses musiques aussi somptueuses que discrètes.
Pour bien visualiser The Gardens Between, imaginez une île. Situez-la dans un rêve surréaliste, avec des décors improbables – une cassette VHS géante, une console rétro, des tuyaux d’eau énormes, etc. On nage en plein rêve a priori incohérent qui pourtant repose sur une logique finement réfléchie (j’y reviendrai). Ça paraît simple mais les 4 années de gestation du jeu ont permis au studio indé de produire un rendu dont la simplicité n’a d’égale que sa beauté. L’aura qui s’en dégage n’est pas sans rappeler Monument Valley, autre puzzle-game dont l’ambiance onirique aura marqué les joueurs mobiles. Après tant de fleurs, je peux souligner quelques couacs mineurs, comme par exemple un aliasing à peine perceptible lors du zoom sur les protagonistes. Mais très sincèrement, je n’ai aucun reproche artistique à adresser à ce jeu qui titille savoureusement les sens.
Maître du Temps
Outre son design atypique et rêveur, The Gardens Between se distingue par son gameplay d’une intelligence extrême (et non, j’exagère pas !). Il n’est plus question de contrôler les jeunes enfants qui gravissent chacune des îles pour apporter une étrange orbe lumineuse au sommet. Les développeurs vous invitent à gérer le temps à l’aide de votre manette. Ainsi, le temps qui avance permet aux jeunes héros d’avancer sur un chemin tracé. Le temps active aussi des événements scriptés modifiant le décor. Il faut alors retourner en arrière pour emprunter un nouveau chemin. C’est ce jeu de ping-pong avec le temps qui va solliciter votre matière grise, puisqu’il faut trouver le bon moment pour utiliser le décor sans vraiment interagir avec celui-ci directement… Comment ça, vous ne comprenez pas ?
Un exemple sera peut-être plus parlant que mon explication bancale. Vos deux personnages disposent d’une orbe qu’ils doivent, pour rappel, poser au sommet de chaque île. Zut ! Une paroi trop élevée vous bloque le chemin. Mais, mais, mais… juste devant se trouve un lecteur VHS. Il se trouve qu’en avançant à un point précis dans le temps, le garçon va appuyer sur le bouton avance rapide du lecteur. Si vous vous arrêtez à ce moment précis (ce qui ne coule pas forcément de source), le lecteur va finir par recracher la cassette se trouvant à l’intérieur. Celle-ci va faire office de nouvelle plateforme vous permettant de franchir la paroi qui vous bloquait le passage. Voilà, c’est plus clair maintenant ? Oui ? Non ? Bon, tant pis. Notez simplement qu’il faut être très attentif à chaque événement qui se produit afin de réfléchir à la manière de l’exploiter, d’autant qu’une multitude de subtilités bienvenues s’ajoutent aux mécanismes de base.
Un rêve d’enfant
Je ne peux évidemment pas vous parler de l’histoire du jeu, bel et bien présente malgré le format. Pas de mise en scène ici, pas de cinématiques et pas le moindre doublage. Et pourtant, The Gardens Between raconte une histoire touchante, authentique et bien plus évocatrice que de nombreux triple A truffés de ces éléments. Chaque fois que les protagonistes déposent leur orbe au sommet d’une île apparaît une toile évoquant les obstacles de l’île, nous en apprenant subtilement plus sur les personnages. Cette ambiance de rêve transcende d’ailleurs les niveaux et tout dans le jeu – absolument tout, de l’écran titre à la cinématique de fin – contribue à son histoire qui touchera l’enfant en vous.
Reste toutefois un souci. À l’heure où des joueurs de mon âge trouvent de plus en plus difficilement le temps de se perdre dans de longs RPG exigeant des dizaines d’heures, difficile de bouder des titres magiques qui se bouclent en quelques heures. Reste qu’avec The Gardens Between, je suis resté sur ma faim. Il m’a fallu deux heures pour le boucler et j’étais clairement prêt à me taper des niveaux supplémentaires. Néanmoins, même si je n’avais pas reçu un code du développeur pour tester le jeu, j’aurais dépensé les 20 euros qu’il coûte sans hésiter une seule seconde. Ne serait-ce que pour encourager des développeurs passionnés dont je suivrai de plus près le travail.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Scénario
Bande son
Durée de vie
Sur ma faim
Mon petit Eden
C’est bien simple, The Gardens Between est l’une des expériences les plus rafraîchissantes que j’ai pu vivre sur ma console dernièrement (avec Oxenfree… histoire de faire de la pub à un autre bon jeu indé !). Je troquerais volontiers 10 triple A pour une poignée d’autres titres de cette trempe, qui suintent l’amour de ses concepteurs, avec une vision originale et une maîtrise tant artistique que mécanique de leur bébé. Tout au plus pourra-t-on reprocher à The Voxel Agents de nous laisser sur notre faim avec un jeu un brin trop court et une difficulté qui risque de paraître un peu basse pour les adeptes du genre. En tout cas, si soutenir un studio indé vous tient plus à coeur que d’enrichir des grosses boîtes désincarnées, The Gardens Between est certainement un excellent choix.
Plus d’infos sur le site officiel de The Gardens Between.
À très bientôt sur Sitegeek.
Musa
Puzzle onirique
Bande-annonce :
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Yep, cela me fait tout de suite penser à Monument Valley… et dès lors, j’aurais envie d’y jouer sur ma tablette….. : (