Malgré son échec commercial, Valkyria Chronicles figure parmi ces jeux de niche qui ont marqué une génération de joueurs. L’annonce d’une suite (qui n’en est pas une…) sur PS4 avait de quoi les réjouir. Hélas, les développeurs de Valkyria Revolution ont oublié qu’on n’était plus en 2008…
Un après-midi avec Valkyria Revolution sur PlayStation 4
Sur la génération de consoles précédente, j’étais plutôt Xbox 360 que PS3. Seules quelques exclusivités m’avaient incité à acheter la console de Sony. Parmi eux, Yakuza 3 et… Valkyria Chronicles ! Ce tactical-RPG s’imposait en véritable OVNI avec des graphismes aussi beaux qu’atypiques et un gameplay à l’équilibre parfait entre stratégie et action. Une écriture majestueuse et une mise en scène digne des meilleurs animés constituaient la cerise sur le gâteau. En gros, Valkyria Chronicles, c’est une de ces madeleines de Proust qu’on se remémore avec beaucoup d’affection. Quelle ne fut donc ma joie en apprenant la sortie de Valkyria Revolution dans nos contrées ! Après quelques heures de jeu, je constate que je me suis réjoui un peu trop vite…
Premier souci : Valkyria Revolution relève le défi d’être moins beau que son aîné. Souvenez-vous, Valkyria Chronicles exploitait la puissance de la PS3 pour un rendu fin, parfaitement animé pour l’époque, avec ce trait crayonné qui distinguait le jeu de la concurrence. Le spin-off sorti 9 ans plus tard se contente d’un character design quelconque, avec des personnages en pâte à modeler et sans relief. Et pour nous donner l’illusion de ce même trait pastel de l’époque, les développeurs ont ajouté un filtre granuleux qui donne l’impression de jouer au jeu sur une TV des années 80. Je ne parle même pas des animations, qui sont restées bloquées en 2008… J’ai bien dit qu’elles étaient jolies “pour l’époque” et je peux comprendre l’hommage mais quand même ! Visuellement, on est face à un Tales of lambda digne de la PS3.
Valkyria Reaction
Les graphismes ne sont malheureusement pas les seuls à accuser un sérieux coup de vieux. Le gameplay s’inspire lui aussi des plus basiques J-RPG de la génération précédente. L’élégance des mécaniques de Valkyria Chronicles cède la place à des sortes de QTE glorifiés. Plus sérieusement, la touche croix sert à attaquer (avec un enchaînement unique et immuable), tandis que le triangle sert à afficher le menu des attaques spéciales et à distance. Le reste, comme les couvertures et les esquives, est franchement anecdotique. Les combats consistent donc à marteler la croix et à insérer l’une ou l’autre botte secrète ci et là pour terrasser ses ennemis. Je ne suis pourtant pas un adepte de gameplay ultra-sophistiqué mais c’est tout l’héritage de sa licence qu’insulte ce Valkyria Revolution.
Pour des raisons d’honnêteté intellectuelle, je tiens toutefois à souligner que ce constat serait moins grave s’il ne s’agissait pas de Valkyria Revolution mais d’un nouveau J-RPG lambda. Le gameplay resterait certes très sommaire mais ce simplisme dérangerait moins. Sa dimension dynamique plaira peut-être même aux joueurs qui découvrent la série par le biais de cet épisode. J’invite donc les lecteurs à tenir compte de l’angle depuis lequel j’écris (celui d’un fan du premier épisode). Retour au gameplay, qui entre deux combats nous ramène en ville, histoire d’écouter ce que pensent les civils de la guerre (des réactions très absurdes qui minent l’immersion) ou d’échanger avec ses compagnons d’armes. Le retour au présent, qui permet de retracer l’histoire du jeu et d’en apprendre plus grâce à une sorte de codex reste encore l’une des meilleures phases.
C’est pas ma guerre…
Bon, d’accord, les graphismes sont pas terribles, le gameplay fort simplifié… mais on peut au moins compter sur un bon scénario, non ? Après tout, Valkyria Chronicles (oui, désolé mais impossible de ne pas comparer !) proposait une trame prenante, avec des rebondissements intéressants et surtout un traitement particulier des personnages (même des PNJ insignifiants) qui amenait le joueur à s’y attacher. Eh bien Valkyria Revolution pèche une nouvelle fois par manque d’ambition et de nuance. Le pitch de départ est pourtant très alléchant : raconter l’histoire d’un groupe renommé de traîtres (selon les livres d’histoire) qui auraient en réalité contribué à sauver le pays fictif au coeur du scénario. Ah, on reconnaît bien là la plume nippone friande d’histoires romancées.
Pourtant, passées quelques cinématiques à rallonge (on est presque au niveau d’un MGS 2), on se rend compte que les personnages manquent un peu de charisme. L’histoire, elle aussi, reste assez simple. Je n’ai pas terminé le jeu mais ce que j’en ai vu m’a toutefois donné envie de continuer – à petites doses, hein… -, ce qui est plutôt bon signe. Les intrigues politiques ont beau être réduites à leur plus simple expression, les enjeux sont bel et bien présents et la progression du jeu incite à jouer davantage. Reste que, pour ce que j’en ai vu, on est loin de l’immersion de Valkyria Chronicles et surtout de son approche beaucoup plus complexe de la guerre. Pour ne rien arranger, la musique se calque sur le reste et propose des thèmes quelconques, jolis mais pas mémorables, en dehors de la musique d’introduction, excellente pour le coup.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Scénario
Bande son
Pas très ambitieux, tout ça
La suite de Valkyria Chronicles méritait mieux que ça ! Sans être mauvais dans l'absolu, Valkyria Revolution propose un jeu moins abouti que son aîné... Neuf ans plus tard, c'est inacceptable !
Revue de presse
03/10Gamekult |
–/–Gamergen |
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04/10Gameblog |
Conclusions hâtives de l’ami Musa
Quand on voit le résultat final, on se demande vraiment quel était l’intérêt de sortir ce Valkyria Revolution. À la limite, SEGA aurait gagné à éditer un nouveau titre, qui n’aurait certes pas joui de la popularité de son nom mais qui n’aurait pas non plus insulté celui-ci. Ce n’est pas tant que Valkyria Revolution manque de bonnes idées mais en plus de ne pratiquement rien garder de ses aînés, il trahit une énorme maladresse dans sa réalisation. Tant sur le plan graphique que technique, le jeu accuse un retard monstre et peine à convaincre le fan de la saga. En revanche, le jeu pourrait bien intéresser un néophyte en mal de J-RPG. Son gameplay peut être fort simple et sa musique assez insipide, l’histoire reste suffisamment attrayante pour se lancer dans l’aventure sans idées préconçues.
Plus d’infos sur le site officiel de Valkyria Revolution.
A très bientôt sur Sitegeek.
Musa
À la guerre, pas comme à la guerre
Bande-annonce :
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