À la lecture de certaines critiques incendiaires, j’ai presque hésité à aller voir Venom. Presque. Et c’est dommage, car j’aurais raté un chouette divertissement écrit avec les pieds.
The Amazing Venom ?
Crevons l’abcès : Venom n’est pas un chef-d’oeuvre. Même dans son propre genre, Venom souffre de cette volonté tenace qu’ont les concurrents de singer Marvel. Alors une bonne fois pour toutes : ce que fait Marvel, c’est plus ou moins cool. C’est pas du grand art mais c’est très divertissant. Je considère même que dans le genre casual, Infinity War est l’un des meilleurs films de super héros. Le souci, c’est que les gens préféreront souvent l’original à la copie. Donc chers DC et Sony, oubliez un peu ce que fait Marvel et trouvez votre propre identité créative. En effet, Venom souffre de son écriture cheap sortie du manuel “comment écrire un film de super héros en 10 leçons ?”. Résultat : un scénario très superficiel et sans la moindre saveur. J’y reviendrai.
En revanche, Venom s’absout également des tares de The Amazing Spider-Man, un reboot aussi creux qu’onéreux, achevé par des personnages sans le moindre charisme. On retrouve certes dans Venom quelques facilités scénaristiques qui m’ont arraché quelques soupirs trop bruyants durant la projection. Mais là où le Spider-Man de Marc Webb se vautrait dans ce qu’il y a de plus banal et prévisible, Venom bénéficie d’un potentiel indéniable, à condition de bien creuser. Aussi semble-t-il plus légitime d’attendre une suite, même s’il y a pas mal de défauts à corriger.
Dr. Hardy & Mister Venom
La principale force – et faiblesse – du film, c’est son double protagoniste. D’emblée, Eddie Brock nous laisse pantois, tandis que ses faire-valoir l’aspirent vers le fond. Je pense notamment à sa petite amie Anne, qui ne sert à rien si ce n’est à inoculer une dose superflue de romance. Indépendamment de la performance “très moyenne” de Michelle Williams, le personnage ne convainc pas. Dès ses premières répliques et expressions faciales inauthentiques, Anne suscite une profonde antipathie (pensez romance bateau de série B). Miné par les personnages qui orbitent autour de lui, Eddie peine à briller. Le pas-du-tout-subtil mélange de beau gosse, bad boy, cynique à l’humour piquant ne fonctionne pas. Un constat renforcé par le surjeu d’un Tom Hardy gâché.
Entre en scène Venom ! Le symbiote apporte cette dose de fraîcheur gluante à un casting insipide. Son humour, sa puissance et son désintérêt pour les conventions humaines rendent le personnage attachant. On peut également féliciter Ruben Fleischer et son équipe pour une réalisation technique maîtrisée durant les scènes d’action. Souvent, en particulier dans les films de super héros solo, on se retrouve face à un découpage indigeste de plans qui rendent l’action floue et donnent le tournis. Ici, Venom nous offre une démonstration très esthétique de sa force, malgré l’effet visqueux fort numérique qu’il dégage – même si celle-ci retranscrit bien chez le spectateur le dégoût que peut inspirer l’alien.
C’est l’histoire d’un méchant… et c’est tout
Le seul autre personnage que je mentionnerai est Carlton Drake, le grand méchant incarné par un Riz Ahmed capable de bien mieux que sa prestation scolaire dans Venom. Cet énième clone du parfait scientifique/businessman mégalo traîne un vilain “je suis le grand méchant du film” sur son front dès sa première scène. Sans compter la pléthore de gimmicks classiques qui lui collent à la peau. Son personnage s’inscrit dans une trame qui tient sur un timbre poste. Le célèbre journaliste d’investigation Eddie Brock s’en prend à plus fort que lui. Viré, abandonné, il sombre dans l’abîme. Il rencontre ensuite le symbiote qui va l’aider à sauver le monde. Fin… (et encore, j’ai l’impression que ça donne mieux sur ces deux lignes que dans le film).
Une fois de plus, on peut compter sur le personnage de Venom pour sauver le film. Outre sa prestance physique et la super puissance qui émane du symbiote, celui-ci ouvre la porte vers de nombreuses possibilités. Tout d’abord, exit les considérations honorables des super héros, puisque Venom – en bon anti-héros – n’a pas peur de se salir les… tentacules ? Si on oublie quelques répliques ridicules et autres blagues tombant à l’eau, le personnage inspire la sympathie, malgré sa boussole morale contestable. Comme s’il personnifiait cette voix tonitruante qui nous hurle à l’oreille quand nous sommes en colère, avant que nos inhibitions reprennent le dessus. Hélas, Venom semble lui aussi limité dans son propre film par l’écriture mais la fin transpire un potentiel que j’espère voir plus exploité dans la suite.
Désastre ? Quel désastre ?
Non, Venom n’est pas le film de l’année. Ce n’est même pas un grand film de super héros. Mais contrairement aux précédentes productions de Sony, Venom ouvre la voie vers une nouvelle manière d’interpréter le genre. Il peut remercier son personnage schizo dont la moins reluisante personnalité s’attirera probablement les faveurs du public. Et si ce premier jet explore très timidement cet aspect du anti-héros, il en prouve le potentiel. Encore faut-il que la suite s’absolve de l’écriture niaise et conventionnelle qui mine le film, dont le scénario ne convaincra personne. Malgré tout, Venom est loin d’être la catastrophe que nous annonçaient moult critiques. À défaut d’être un *bon* film, il est très divertissant et agréable à regarder, ne serait-ce que pour des scènes d’action plus lisibles que la norme.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à faire un tour sur le site officiel de Venom.
À bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce