Saints Row avait quitté la scène vidéoludique depuis 2013. La licence complétement foutraque revient à ses racines pour un reboot total de ce Truand Simulator. Le Saints Row Nouveau parvient-il à sublimer le déjà vu ou se vautre-t-il dans les clichés du remake fainéant ? Réponse dans notre test sur PS 5.
Ne manquez pas mon test vidéo de Saints Row sur PS5.
Pitch – Ooops I did it again !
Saints Row débarque ce 23 août 2022 sur toutes les consoles modernes PS5, PS4, Xbox ONE, Xbox Series S/X et sur PC. Le dernier épisode, Saints Row IV également développé par Volition, date déjà de 2013 et de la génération PS3 et Xbox 360. Bien que ce GTA-like tendait à se focaliser davantage sur la guerre contre les aliens, les gags et le bordel absolu, la mouture 2022 revient quant à elle à ses valeurs originelles. Le titre est en effet un reboot complet du premier épisode, datant quant à lui de 2006.
Ce sont donc les codes du GTA-Like en version plus folle et décalée qui reprennent leurs droits, dans un nouvel environnement. Dans la peau de votre avatar “Boss” entièrement customisable, vous allez parcourir les rues de Santo Ileso pour les façonner à votre image. Votre Boss, c’est donc de vous qu’il s’agit, n’est-ce pas, n’est autre qu’un des 4 loosers qui font le bestiaire de votre scène. Vous serez ainsi accompagné de Eli le smarty, Neenah la geek mécano latino et Kevin le mec à moitié à poil, exhibi sur les bords. Cette team de colocataires, casseurs de frigolites, va devoir s’affranchir d’une série de missions afin de payer son loyer. En parallèle, votre personnage va tenter de se frayer un chemin et une notoriété au sein de la milice Marshall Defense Industries.
Bref, inutile d’épiloguer davantage, le contexte est suffisamment planté pour finalement vous embrigader dans une expérience vidéoludique qui se déroule dans un faux Las Vegas, où vous devrez vous comporter comme un bandit complétement déjanté. Votre quête se résumera à tuer, car-jacker, voler, foncer et tout faire péter ! Vous n’aurez plus qu’à gérer votre petite entreprise du crime comme n’importe quel autre business naissant, et cette idée est finalement plutôt bonne. Ainsi, c’est plus clair ?
Saints Row et customisation – Le nerf de sa guerre
Avant d’évoquer les aspects esthétiques et le gameplay de Saints Row, il est bon de s’arrêter un micro-instant sur le Boss Factory. Cet espace vous permet de personnaliser votre avatar, aka Boss, à volonté. Toute la frénésie qui anime l’ADN de la licence s’y retrouve complétement. Vous pourrez tout paramétrer. Quand je dis tout, c’est TOUT ! Même Pierre Perret et son ode au zizi en auraient perdu leurs rimes ! Cela va de la couleur de la peau, en passant par les tenues, la largeur des épaules, les vêtements, les guns, la texture des sourcils, la taille des boobs jusqu’à l’ostentation de vos parties génitales !
Au fur et à mesure de votre avancée, vous pourrez débloquer des attributs et réenvisager votre apparence à volonté. Au-delà de l’aventure pure et dure, cet espace de créativité fait office de défouloir artistique. C’est assurément un endroit où vous passerez un bon bout de temps, parfois le sourire aux lèvres tellement les possibilités sont insensées et délicieusement ridicules. C’est d’ailleurs avec cet outil que la campagne de pub avait commencé en juillet dernier !
Gameplay – Quand grain de folie devient pastèque !
Saints Row 3 version 2.0
Tout qui a connu Saints Row 3 trouvera immédiatement ses repères. Le gameplay et la prise en main de Saints Row 2022 s’inspirent totalement des codes du 3e opus de la série. Vous contrôlez votre avatar à la 3e personne. Vous courrez, vous sautez, vous frappez et vous prenez le contrôle de n’importe quel véhicule sur la route. Au fur et à mesure de votre avancée, vous pourrez dédicacer des actions aux flèches de la croix directionnelle. A la façon Mortal Kombat, vous déclencherez de courtes animations sympas ressemblant à des minis Fatalities. À vous les plaisirs de la grenade dans le slip de l’adversaire et autre balle dans la tête à bout portant. Shakespeare, si tu nous regardes, cache-toi les yeux mon ami !
L’aspect violent et bourrin est souligné par la super exagération de la mise en scène. Cela fait office de cache-misère quelques instants mais rapidement, le plus gros point faible du jeu va gagner du terrain. En effet, à force de tout faire péter dans tous les sens, on se rend compte que jouer posément, et assurer un minimum de skill n’est juste pas possible dans Saints Row. Tout se fait à l’arrache. Parfois c’est précis, parfois, c’est à 5 mètres de la cible.
D’ailleurs, l’IA et le niveau de difficulté tiennent compte de cette imprécision constante. Vous pourrez encaisser un nombre incroyable de balles. Si le leitmotiv de la licence est bien de mettre en scène un défouloir sans prise de tête, il aurait tout de même été judicieux de soigner un tant soit peu la précision des contrôles. Pouvoir faire n’importe quoi ne doit pas rimer avec n’importe comment. C’est le cas.
Lorsque vous prenez le contrôle des véhicules, la conduite ne jouit d’aucune finesse. Les notions de drifts et de conduite sont ramenées à leur plus simple expression. A cet égard, le titre a 10 ans de retard. C’est dommage. La visée et le contrôle de votre arsenal datent du même âge. Et pourtant, tout ce petit monde est, lui aussi, personnalisable. On aurait voulu pouvoir en profiter pad en mains également, pas juste pour le plaisir des yeux. Certaines courses poursuites sont d’ailleurs bien mises en scène et bien rythmées, mais à nouveau, c’est brouillon et assez aléatoire. Enfin, pour boucler cette mauvaise boucle, les manipulations et les mécanismes tendent à se répéter encore et encore… donc l’intérêt du gameplay tombe à l’eau, pour ne plus laisser place qu’à ce défouloir qui transgresse toutes les limites du politiquement correct.
Scarface à Sim City
Pour grandir et asseoir votre notoriété à Santa Ileso, vous allez devoir contrôler la ville. A cet égard, Saints Row a ouvert les portes de la conquête de votre environnement, en passant par les détails les plus anecdotiques. Ainsi, outre les missions principales assez classiques, votre smartphone vous indiquera également une panoplie de défis accessoires. Parmi ces défis, vous devrez prendre le contrôle et gérer des tas de petits services urbains tels que le ramassage des déchets et même la fraude à l’assurance. Ce grand écart entre vos missions est sympa sur le papier mais dans les faits, il reste terriblement redondant. Les courses poursuites avec la police se ressemblent, et ont tendance à lasser à la longue. Notez que le titre est jouable à deux. Même si cela accorde un léger sursis à la tolérance des répétitions, cela ne la sauve pas.
L’environnement à un côté très western, et le concept de l’open-world s’y prête particulièrement bien. Malheureusement, ici encore, la tolérance de vos déplacements est très limitée. La conquête de la ville est riche, mais trop scriptée et finalement peu gratifiante. Nouvelle déception, alors que les idées sont top, vous pourrez même bâtir votre propre Trump Tower ! Sans compter le nombre d’heures que la collection de toutes ces tâches vous demandera. On y était presque. Enfin, les cascades et autres scènes d’action suivent le même schéma. Dommage. Là où le créneau de Saints Row dit : Be your own boss, la réalité vous rattrape et vous rappelle que le vrai boss, c’est le jeu.
Technique – Vous aimez la tarte aux concombres ?
Quel gâchis ! La démarche de rebooter la série et de lui insuffler une nouvelle énergie avait du sens. S’appuyer un peu trop sur les anciens mécanismes est regrettable. Toutefois, il pourra être digéré par les néophytes. Par contre, la technique doit être à jour ! Les intentions Old West sont excellentes, le design général colle parfaitement au second degré qui transpire de tous les pixels de l’aventure, mais la réalisation souffre de beaucoup trop de défauts esthétiques. Le regard des persos va immédiatement vous interpeller. Certains passages sont très beaux, mais ils sont rapidement relativisés par les personnages souvent bâclés. Pire, dès les premières scènes, des effets de clipping annoncent la couleur. Ils révèlent un manque de finition dans la réalisation. Le manque de visibilité souvent lié à des environnements trop cloisonnés et étrangement impraticables vient clôturer cette amertume.
Je trouve cela tellement frustrant de voir autant d’efforts dans la création d’un “nouvel” univers, pour finalement ne pas se donner les moyens de le mettre en images comme il le mérite. Alors, si les nouveaux joueurs risquent de ne pas ressentir la frustration du gameplay déjà vu, ils risquent par contre de ne pas apprécier la contreperformance technique. Je suis curieux de lire vos réactions en commentaires à cet égard.
Mon avis sur Saints Row
Saints Row a voulu s’offrir une cure de jouvence. Pour le coup, à ne pas vouloir trop vieillir, Mamy s’est offert une chirurgie esthétique chez un chirurgien qui n’avait plus les épaules. Quand le chantier est trop conséquent, il est de bon ton de déconstruire, pour ériger un nouveau projet sur de nouvelles bases. Avec Saints Row 2022, les fantômes du passé n’ont pas totalement disparu, pour en laisser entrer de nouveaux. Dommage, car le second degré et l’approche totalement décalée de la licence a bien sa place dans notre monde qui tend à se prendre au sérieux plus souvent qu’à son tour.
À très bientôt sur SITEGEEK,
Graphismes - 6.5
Scénario - 7
Jouabilité - 7
Plaisir du testeur - 6
6.6
Une bonne idée mais une réalisation paresseuse pour un titre qui aurait mérité plus de rigueur.