Alors que le premier épisode tentait d’apporter sa pierre à l’édifice du J-RPG, Ni no Kuni 2 : L’Avènement d’un Nouveau Royaume s’avère plus classique, ce qui ne le rend pas désagréable pour autant.
Un après-midi avec Ni no Kuni 2 sur PS4
À force de tester des jeux à la pelle, on ne prend plus le temps de savourer ces titres nous sollicitant des dizaines d’heures. Aussi ai-je nettement réduit ma consommation de J-RPG. Parmi ceux que j’ai parcourus ces dernières années, Ni No Kuni. Encensé par une pub placardant le Studio Ghibli, le jeu profitait d’un univers enchanteur et poétique, agrémenté d’un gameplay original s’inspirant indirectement des Pokémon. Une très bonne surprise, malgré un manque d’engagement et une exploitation sommaire du studio d’animation nippon. Un J-RPG de qualité, doté de mécaniques intéressantes. Le potentiel et les ventes de cet opus ont visiblement suffi à Bandai Namco pour commander une suite. Et si Ni no Kuni 2 : L’Avènement d’un Nouveau Royaume porte bien le même nom que le premier épisode, il s’en distingue énormément. Ce qui n’est pas toujours une bonne chose…
C’est Ghibli ou c’est pas Ghibli ?
L’implication du studio de Hayao Miyazaki dans Ni no Kuni avait suffi à attiser une foule de gamers qui souhaitaient s’évader dans un univers féerique, à l’image d’un Princesse Mononoké ou d’un Voyage de Chihiro. Hélas, les séquences animées restaient très peu nombreuses, la majorité des cinématiques tournant sur le moteur du jeu. Un problème exacerbé dans Ni no Kuni 2 puisque le studio n’était pas impliqué. Il n’y a donc plus d’animations mais uniquement des cinématiques. Ce qui n’est pas bien grave, puisque les designers du jeu, parmi lesquels des anciens de Ghibli, ont conçu un jeu magnifique… ou presque. Les décors en extérieur sont somptueux, les effets resplendissent et les animations s’avèrent particulièrement dynamiques. Les personnages jouissent également d’un travail soigné, peut-être même trop.
Dans l’ensemble, Ni no Kuni 2 reste un jeu particulièrement joli, avec une interface plutôt classique pour le genre. Classique ! C’est le mot que je cherchais. Car les tares esthétiques de Ni no Kuni 2 ne relèvent pas tant du manque de qualité que du manque d’inspiration. Comprenez par là que les personnages, s’ils sont bien modélisés, resteront très peu mémorables car ils ne toucheront probablement pas les joueurs. Même constat amer pour la musique, pourtant toujours composée par le grand Joe Hisaishi. En dehors du magnifique thème d’introduction, le reste s’enlise dans une classicisme extrêmement frustrant… un peu comme si on avait demandé à Frank Sinatra de chanter du Patrick Bruel (la comparaison est peut-être un peu dure, désolé).
Tales of Kuni
À défaut de sublimer l’esthétique amorcée par le premier épisode, on ne peut nier que Ni no Kuni 2 ressemble à son aîné. Que ce soit par son design ou la teneur enfantine de son scénario. S’il ne fallait juger que le gameplay, le constat serait différent. Le jeu de Bandai Namco a complètement délaissé son système de gestion composé de monstres qu’il fallait nourrir et entraîner. En échange, il a privilégié un système beaucoup plus dynamique et en temps réel, dans la droite lignée des Tales of. Dans l’exécution, il n’y a franchement rien à dire, c’est du bon boulot. Les combats sont nerveux, les compétences se multiplient au fil de l’aventure et l’on martèle les touches pour terrasser des groupes d’ennemis et ainsi augmenter de niveau. Du bon J-RPG, en somme !
On peut toutefois regretter une nouvelle fois le manque d’originalité. Là où le premier Ni no Kuni proposait un gameplay tant original et que bien conçu, cette suite manque affreusement d’ambition. Concrètement, vous avez une touche d’attaque rapide, une d’attaque puissante et une de saut. Les gâchettes interviennent pour jongler entre les trois armes de contact que vous portez (aux effets variés) ou pour recourir à maximum 4 compétences/pouvoirs. À cela s’ajoute une arme à distance aux effets négligeables. Comme si ça ne suffisait pas, Ni no Kuni 2 se révèle en plus d’une facilité consternante. À tel point que le jeu se sent obligé d’incruster certaines zones de monstres aux niveaux cheatés pour s’assurer qu’on ne s’y rende pas avant que la trame nous y oblige.
Jeu qui roule n’amasse pas mousse
Quand je dis que le jeu a complètement délaissé ses petites créatures, ce n’est pas tout à fait vrai. Les monstres du premier volet cèdent la place aux Mousses, des petits êtres malléables aux couleurs et aux propriétés différentes. Des verts qui vous soignent en plein combat, des mauves qui créent des trous noirs pour infliger une lourde blessure, des bleus pour construire un canon d’eau et asperger l’adversaire… Bref, il y en a de toutes les couleurs mais la facilité du jeu est telle qu’on y recourt finalement très peu. Pour ma part, je me suis contenté de charger sur les ennemis et de marteler ma manette pour les terrasser. Je n’ai sollicité les pouvoirs des Mousses que contre le boss (où ils se sont avérés très utiles, il est vrai).
Mais dans l’absolu, ces Mousses m’ont donné l’impression d’être une pâle copie du système complexe et ingénieux de Ni no Kuni. Ils servent davantage de gadgets que de véritable mécanique de gameplay et s’inscrivent dans cette volonté du jeu de reprendre des concepts classiques et de les assembler plutôt que de produire quelque chose d’un tant soit peu neuf. Dommage.
J-RPG ou STR ?
Au moins, on ne peut pas dire que Ni no Kuni 2 ait lésiné sur le contenu. Outre la trame assez touffue, le jeu propose une foule d’à-côtés tantôt anecdotiques, tantôt plus utiles. Je vous passe le MécaBook (réseau social plutôt marrant du jeu) et les donjons peu inspirés. Le jeu propose un bestiaire relativement joli, même si on a l’impression d’en avoir vite fait le tour. De quoi vous pousser à farmer au moins la première dizaine d’heures pour augmenter de niveau et – pas de bol ! – vous faciliter encore plus la tâche. Les labyrinthes, bien que très insipides, permettent de leveler sans avoir l’impression frustrante d’enchaîner les combats ad nauseam. Fatalement, tout cela finit par devenir répétitif, comme dans tout J-RPG où la progression passe par une flopée de combats.
Mais quand il est au repos, que fait donc le jeune Roi Evan que vous incarnez ? Il construit son royaume, pardi ! Intervient un mode de gestion risible de simplicité où vous devez simplement accumuler de l’or pour construire de nouveaux bâtiments (armurerie, échoppe, atelier, etc.). De quoi enjoliver votre royaume d’Espérance mais rien de transcendant. Autre nouveauté notable, le mode Bataille. Il permet d’affronter sur la carte du monde des hordes ennemies. Là encore, on peste sur le système extrêmement basique sur lequel il repose. Chaque bataillon (on a jusque 4 escouades spécialisées dans des domaines différents comme l’attaque à distance ou la mêlée) dispose d’un nombre de points et en gros, celui qui le plus de points l’emporte. Et encore, j’ai déjà remporté des batailles avec 300 points alors que l’ennemi en avant 2.000. Bref, encore une fausse bonne idée.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Bande son
Scénario
Durée de vie
C'est mignon
À défaut d'être un grand J-RPG, Ni no Kuni 2 est un jeu sympathique, qui reprend des codes éculés mais qui fonctionnent, dans un cadre très enchanteur. N'en attendez pas grand-chose de plus.
Revue de presse
7/10Gamekult |
16/20Gamergen |
16/20JV.com |
8/10Gameblog |
… Et pourtant, ça plaira aux gosses !
Je ne m’attendais pas à être si sévère avant de rédiger mon test. Je me rends compte qu’à sa lecture, on pourrait croire que Ni no Kuni 2 : L’Avènement d’un Nouveau Royaume est un mauvais jeu. Ce n’est pas le cas. C’est même loin d’être un mauvais jeu. Néanmoins, quand on entend transformer un jeu en licence (c’est clairement la volonté ici), on a les options FF et Tales of. Dans le premier cas, on parvient à vraiment renouveler sa formule (quitte à déplaire), tandis que la seconde joue la carte de la sécurité. Ici, plutôt que de capitaliser sur les très bonnes idées de son aîné, Ni no Kuni 2 a décidé de reprendre des gimmicks classiques issus des pontes du genre. Ce mélange des genres manque ainsi cruellement d’originalité, malgré un univers enchanteur, une histoire agréable à suivre et un gameplay qui remplit le cahier de charges.
Et dans l’absolu, rien de cela n’est un défaut, selon le public auquel s’adresse le jeu. Bien que je ne sois pas un spécialiste de J-RPG, c’est un genre que j’affectionne mais passé la trentaine, je me demande si je peux encore jouer à un jeu aussi simple et aussi classique. En revanche, je ne peux que chaleureusement conseiller Ni no Kuni 2 à un enfant qui souhaiterait découvrir le genre en douceur. Les mécaniques variées, l’ambiance et la simplicité constituent le cocktail parfait pour de l’initiation – sans en être réellement. Idem pour des adultes qui ne cherchent pas un titre trop complexe mais souhaitent simplement s’amuser aux commandes d’un J-RPG nerveux et accessible. Achetez donc le jeu en connaissance de cause !
Plus d’infos sur le site officiel de Ni no Kuni 2.
À très bientôt sur Sitegeek,
Musa
Un J-RPG enfantin
Bande-annonce :
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