Loin d’être le film de super héros de l’année, Aquaman s’en sort en étant probablement l’un des plus drôles. Petit souci : ce n’était pas son but…
Adieu les films de héros sérieux
Si Marvel a sorti son épingle du jeu avec le film de super héros fun et léger, j’ai longtemps espéré que DC opterait pour une formule plus mature, plus sérieuse et plus porteuse de sens. Batman v Superman en avait clairement le potentiel. Man of Steel aussi. Hélas, les deux films de Zack Snyder ont lamentablement manqué le coche (même si je reste un fervent défenseur de BvS), tandis que Justice League a pulvérisé tout espoir. Conséquence logique, les films DC n’ont toujours pas trouvé leurs marques et leur identité dans une industrie de plus en plus saturée. Avec ses faux airs féministes, Wonder Woman s’en sort toujours mais on peut dire adieu à un univers cohérent et bien exploité. Tant pis.
Quelle place pour Aquaman, le dernier-né de Warner Bros., dans tout ça ? Eh bien on s’en fout, puisque le film a dû être écrit par un novice qui a sûrement abusé des dessins animés du dimanche matin sur France 3, avec des gentils très sympathiques et des méchants très très méchants. #YOLO
Drôle malgré lui
Autant commencer par le positif : Aquaman est hilarant. Ses répliques, ses rebondissements, sa mise en scène… Le chemin de retour du cinéma a accumulé les fous rires. Le problème, c’est que sa trame se prend très au sérieux et que le film est rarement drôle quand il est censé l’être. Comment expliquer ce paradoxe ? L’écriture, de la trame aux dialogues, est d’une pauvreté telle qu’elle donne lieu à des situations cocasses. Par exemple, cette réplique dans une scène dramatico-romantique : un personnage dit à l’autre que les larmes disparaissent sous l’eau. L’autre lui répond que sur Terre, les larmes restent. Le tout sur un fond musical mélancolique. Comment. Voulez-vous. Prendre. Ce film. Au sérieux ?
C’est cette absence de réflexion qui caractérise l’écriture d’Aquaman, qui se perd donc dans un scénario très manichéen, avec une cohésion et une cohérence qui ont foutu le camp. On a donc la désagréable impression que les scénaristes ont puisé ça et là des idées populaires pour donner de la substance à leur bébé. Ne soyez donc pas surpris si, par moments, Aquaman vous inspire Indiana Jones/Tomb Raider ou Pacific Rim. C’est normal. On aurait pu espérer que le message écolo du film sauverait la mise mais en plus d’être très superficiel, sa conclusion zappe toute possibilité de faire réfléchir le spectateur. Pire, un spectateur averti trouvera même le message contre-productif.
C’est Momoa le plus fort
Reste-t-il quelque chose à sauver de naufrage ? Heureusement, oui. Tout d’abord, comme je l’ai déjà dit, Aquaman est très drôle, qu’il le veuille ou non. Ensuite, Jason Momoa accomplit un véritable exploit en donnant une certaine aura au personnage d’Arthur Curry. Pas évident pour un personnage qui est loin d’être aussi populaire que les autres membres de la Ligue des Justiciers. Il émane d’Aquaman un sentiment de puissance, renforcé par le côté beau gosse rebelle de l’acteur et des effets spéciaux très impressionnants. On a parfois l’impression d’assister à du Dragon Ball Z sous-marin, c’est très jouissif. Dommage que le manque de cohésion mine toute l’iconographie du film, compensée par un costume kitsch qui va en fait très bien à Momoa.
Ça, c’est pour le visuel. Côté acting, c’est la douche froide. La vedette du film campe assez bien son rôle de héros blasé et bourru (en même temps, c’était un rôle taillé sur mesure). Les autres, en revanche, ne remplissent même pas leur cahier de charges. Inutile de les citer, tant il est difficile de savoir à qui décerner le pire prestation. Amber Heard (Mera) et Yahya Abdul-Mateen (Black Manta) se disputent clairement le podium, cela dit. Même si, pour ce dernier, il faut une fois de plus pointer du doigt une écriture ridicule qui rend son personnage complètement inutile.
On aura bien rigolé…
Quelques jours après avoir bu la tasse, je digère enfin cet Aquaman. Au fond, il n’est pas sans rappeler un certain Independence Day. Un film au scénario médiocre et sans la moindre réflexion (même si ID avait le “mérite” d’être propagandiste…), qui devient très drôle dès qu’on le regarde au second degré. Et tant pis si ce n’était pas le but ! Vu la conjoncture actuelle, il y a toutefois de fortes chances que Aquaman fasse mouche auprès d’un public se contentant toujours plus de héros bas de gamme, pourvu que ce soit beau à regarder. Le fast-food du cinéma a encore de beaux jours devant lui, ce qui laisse craindre à un avenir peu inspirant pour le futur ex-DC Comics Universe.
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Musa
Bande-annonce