Fighter’s History Dynamite, aussi connu sous le nom de Karnov’s Revenge est un des seconds couteaux de la ludothèque Neo Geo. Néanmoins, ce titre a fait couler beaucoup d’encre en 1994 car Capcom s’était insurgé contre les développeurs de Data East. Qu’en est-il de ce soi-disant plagiat de Street Fighter 2 ?
Profitez également de mon test vidéo de Fighter’s History Dynamite.
Toute une histoire autour de ce Fighter’s History Dynamite
En 1994, alors que SNK sortait Fatal Fury 2 et KOF 94, Data East s’attaquait au marché Neo Geo SNK. Autant sur borne via le format MVS, que sur console via l’AES, les développeurs avaient de l’appétit puisque la même année, ils sortaient également Windjammers et Street Hoop. Avec leur seul et unique jeu de combat sur la Rolls des consoles, Data East allait se faire remarquer par Capcom. En effet, la firme génitrice de Street Fighter 2 allait engager des poursuites judiciaires contre Data East car ils estimaient que leur dernier jeu de combat ressemblait un peu trop à leur poule aux œufs d’or.
Nous reviendrons sur cette affaire un peu plus tard. Quoi qu’il en soit, ce Fighter’s History Dynamite, pour son appellation japonaise, Karnov’s Revenge pour son sobriquet US, faisait suite à Fighter’s History. Ce premier opus était sorti un an auparavant sur borne, pour ensuite être porté sur Super Nintendo en 1994 également. Un autre jeu de Data East était sorti en 1987, intitulé Karnov, a également sa place sur l’arbre généalogique de la série puisque le personnage principal Karnov, n’est autre que le boss final de Fighter’s History.
Il y a évidemment de quoi en perdre son latin puisque ce même boss revient dans le jeu qui nous occupe aujourd’hui, mais sous forme de personnage jouable cette fois ! Alors, que Data East ait plagié Capcom ou pas, on ne pourra nier qu’ils aiment puiser dans leur stock de références pour inspirer leurs productions. Et d’ailleurs, afin de boucler la boucle de ce Fighter’s History Dynamite, une référence en bonus à Kung-Fu (karate champ) apparait sous forme d’un taureau à défoncer, exactement comme dans le Karate Champ de 1984 du même Data East ! Waw, que de souvenirs !
Le titre aura même un avenir puisqu’une suite a été adaptée sur SNES avec Fighter’s History: Mizoguchi Kiki Ippatsu. Enfin, le titre qui occupe notre scène aujourd’hui sera porté sur les shops des consoles modernes. Preuve que le titre n’est pas du tout mort-né.
Fighter’s History Dynamite : Un peu d’histoire
Au milieu d’une intro peu explicite, on tente de vous expliquer que le vil Karnov a décidé d’organiser une nouvelle édition de son tournoi. Prêt à tout pour laver l’humiliation subie suite à sa défaite lors de l’édition précédente de son pugilat, il a invité le gratin du gratin de la crème des combattants mondiaux. Du coup, vu que c’était déjà le même délire la première fois, il a invité les 9 mêmes combattants. En prime, il a dégotté la coréenne Youngmie ambassadrice du Tae-Kwon-Do, et Zazie, l’africain. Les deux boss du premier épisode sont dorénavant au menu du joueur, à savoir Clown et Karnov lui-même ! Big boss s’avère d’ailleurs très complet plein d’humour et d’efficacité. Pour les autres personnages, j’ai un faible pour Matlok, avec son look punk un peu rédhibitoire, mais au final, il mixe la souplesse de Blanka et le boomerang de Guile.
Enfin, le 14e personnage n’est pas jouable et n’apparait que dans les bonus. Il s’agit de OX, le taureau tout costaud. Celui-ci est par ailleurs un joli clin d’œil à Karate Champ. Le premier jeu de karaté de l’histoire était, comme je vous le disais en intro, déjà le fruit de Data East ! Et quand on sait le coup de pub que son apparition dans Bloodsport avec Jean Claude Vandamme a fait au monde arcadien, on se demande qui doit rendre des comptes à qui dans l’affaire qui les oppose à Capcom ! Le casting étant planté, il n’y a plus qu’à se battre !
Technique : Ni beau, ni moche… mais plus moche que beau…
Graphiquement, le titre vient donc se frotter à la rude concurrence du millésime 1994. Comparé à Fatal Fury 2 et à KOF 94, ce dernier fait pâle figure. Les personnages sont plutôt figés et leurs traits manquent de subtilité. Ils n’ont d’ailleurs presque pas évolué depuis le 1er épisode. Le boss désormais jouable, Karnov, a lui eu droit à davantage d’égard de la part des dessinateurs, mais ça reste chiche.
Les décors quant à eux sont davantage dans la norme. D’énormes sprites d’animaux animés ornent l’arrière-plan et la palette des couleurs fait honneur aux paysages. Vous pouvez interagir et détruire certains éléments du décor. Selon les rounds, vous jouerez à différents moments de la journée ou de la nuit. Du coup, on regrette encore plus que les personnages ne soient pas plus travaillés. Car finalement, ils sont stylés et ont un bon potentiel. C’est principalement leur animation qui manque de fluidité et d’envergure. Notez aussi que quelques ralentissements viennent aussi parfois altérer la fluidité de l’animation.
A la manière de Street Fighter, les différentes aires de combat sont implantées aux quatre coins du globe. Les références et les graphismes font honneur aux différentes cultures esquissées et ça confère un style à l’ensemble. À l’époque, Joypad lui avait attribué un 14/20 en graphismes, en se demandant où étaient passés les 122 mégas ! De plus, les allusions à SF2 et le manque d’originalité transpiraient dans la critique. Pour finir au sujet de la palette cosmétique, gageons que les musiques enveloppent bien l’ensemble, sans pour autant vous laisser de souvenirs impérissables. Les bruitages sont encore plus anecdotiques.
Gameplay : Street Fighter 2 à 4 boutons ?
Cet épisode Fighter’s History Dynamite sort donc cette fois sur Neo Geo. S’il ne se présente que comme un remake du premier opus de la saga, il tournera bien sur le système arcade Neo Geo MVS. Ce système à 4 boutons va donc impliquer une simplification des commandes puisque le premier épisode se jouait à 6 boutons. En gros, deux niveaux de coups de pied et deux intensités de coups de poing. Pour bloquer, ce sera la classique touche arrière. D’ailleurs, notons que le bloc a la particularité de parer toutes les attaques à 100%. Même contre un coup spécial.
Cela a comme inconvénient de ne pas permettre d’enchainer un bloc de coup spécial avec une contre attaque. C’est perturbant et punitif dans les premières parties. Par contre, certaines parties du corps des personnages clignotent pour souligner une fragilité éphémère. Cela vous motive à réagir et à faire preuve de précision pour toucher là où ça fait mal tant que ça dure ! Si globalement le jeu est assez bourrin, cette astuce adoucit légèrement le trait. Des combos sont également possibles, et plus efficaces. Les adversaires s’en relèveront souvent étourdi, comme dans le 1er épisode, et ce sera le moment de sortir votre plus belle attaque.
L‘équilibre entre les personnages n’est pas optimum lui non plus. Certains personnages comme Mizoguchi ou Karnov sont vraiment balèzes et disproportionnés par rapport au reste du casting. C’est un peu dommage. D’ailleurs, les move lists sont assez éloquentes et la disparité entre l’arsenal de l’un et les options faméliques de l’autre, sautent clairement aux yeux. D’un autre côté, certains personnages ont un style vraiment attrayant, mais leurs enchainements sortent difficilement et pêchent par une forme de rigidité. Je pense notamment à Lee, mélange entre Shiryu et Bruce Lee mais à la souplesse d’Akira dans Virtua Fighter !
À la lumière de ces constats peu glorieux, vous me direz que le gameplay est complètement pourri. Mais en fait, non. Après une bonne heure de jeu, les mécanismes et la dynamique des combats font sens. Le côté décalé et second degré de l’ensemble devient cohérent. La recette prend et on s’y amuse dans ce jeu ! En solo, le match contre le Clown, dans son espèce de château tourne à l’obsession. Les remontées sont spectaculaires et certains enchainements permettent d’espérer jusqu’à la dernière seconde. À deux, évidemment, le fun prend le dessus sur le niveau des boss et c’est encore plus présent.
Conclusion sur ce Fighter’s History Dynamite
Finalement, NON ce Fighter’s History n’est pas un plagiat pur et dur de Street Fighter 2. Comme tous les autres jeux de versus fighting de l’époque, il s’en inspire terriblement, certes. Néanmoins, le titre parvient à construire sa propre mythologie avec ses qualités et ses défauts. En fait, je me demande même pourquoi Capcom s’est embêté à titiller Data East avec un titre, il faut bien l’admettre, un gros niveau en dessous de SF2. Toujours est-il que de nos jours, dans la catégorie des jeux Neo Geo AES à moins de 150 euros, Fighter’s History Dynamite est devenu un classique, avec son histoire et ses anecdotes, qui vaut la peine d’être testé, ne serait-ce que pour pouvoir se forger son propre avis sur cette affaire !
À bientôt pour d’autres souvenirs rétropixelisés sur sitegeek,
Vega