La bonne surprise du premier épisode m’a incité à regarder Equalizer 2… même si je savais que j’allais tomber sur une suite commerciale tout au plus divertissante. J’avais raison.
Un homme en colère
Si Tom Cruise maintient le blockbuster d’action old-school dans le paysage hollywoodien, le genre a connu un shift vers la fin des années 2000. Rien d’inédit mais un retour au film d’action plus sobre, plus authentique, plus intimiste et intense. Celui qui a médiatisé ce genre nouveau-mais-pas-trop est, à mon sens, Taken, de Pierre Morel et avec Liam Neeson. En Amérique, du moins, puisque ce cinéma date de trois décennies à Hong Kong. Loin d’être un chef-d’oeuvre cinématographique, Taken a réuni tous les ingrédients pour résonner auprès du grand public, qui le lui a bien rendu. Si bien que le film a accouché de deux suites risibles, soit la meilleure – et la pire – preuve de son succès commercial.
Sur quoi repose exactement ce shift ? Un acteur (très) célèbre qui a pris de l’âge, qui renvoie à ce vieux Monsieur-tout-le-monde ordinaire qu’on connaît tous. On lui colle un passé sombre, justifiant ses compétences meurtrières. Enfin, on ajoute une bonne grosse dose de drame plus ou moins crédible et on laisse cet homme péter les plombs et buter de manière brutale tous ceux qui se dressent sur son chemin. La brutalité constitue l’un des éléments phares de ce genre. Pensez à Taken, mais aussi au bien plus mauvais Foreigner avec Jackie Chan, ou encore à John Wick avec Keanu Reeves. Ce qui nous amène à Equalizer, qui a sublimé la recette, empochant le triple de son budget au box office. Impossible donc de passer à côté de Equalizer 2, qui traîne les défauts d’une suite en bonne et due forme.
Les héros ne portent pas de cape
Le concept de Equalizer 2 repose, comme son aîné, sur le double sens du titre. En anglais, “equalizer” implique l’idée de rétablir l’équilibre, mais signifie aussi tout simplement une arme à feu. Soit deux critères qui résument parfaitement Robert McCall, incarné par un Denzel Washington fidèle à lui-même (c’est-à-dire parfait !). Un ex-agent de la CIA aux plaisirs simples et aspirant à une vie paisible. Enfin, ça c’est en journée. Le soir, il redresse les torts causés à de pauvres quidams afin de “rétablir l’équilibre”. Et il n’y va pas de main morte, n’hésitant pas à tirer une balle dans la jambe d’un méchant gaillard, à fracturer un nombre incalculable d’os et parfois même à tuer les plus insistants.
À une époque où les injustices pullulent sur les réseaux sociaux, le propos de Equalizer 2 résonne chez le commun des mortels. On prend un malin plaisir à se dire “bien fait” à cette bande de connards qui… *tousse et se redresse* désolé, je me suis laissé emporter. Tout ça pour dire que le concept tient la route et plaira inévitablement au spectateur lambda. Car dans une industrie qui baigne allègrement dans le super héros classique et pas crédible du tout (ce qui ne m’empêche pas d’adorer), se retrouver avec un film d’action de cette trempe et un héros – un vrai – ne peut que séduire la plèbe.
Starring Denzel Washington
Comme je l’ai mentionné plus haut, cette réinterprétation du genre exige la présence d’un protagoniste emblématique. En l’occurrence, Equalizer 2 (et le 1) n’existerait pas sans Denzel Washington. Acteur hors pair et motivational speaker à ses heures, Washington dégage un charisme et une présence scénique peu communs. Même dans un film d’action à la trame banale et aux relents de feel good movie (je déconne pas), l’artiste nous livre une prestation sublime. Il campe parfaitement le rôle de vieux sage du quartier badass qui prend soin de sa communauté. Interpellant, efficace et touchant, le héros de Equalizer 2 nous ferait presque oublier ses facilités scénaristiques.
Devant une telle prestance, difficile pour le reste du casting de briller. Melissa Leo reprend son rôle de Susan Plummer, ex-collègue très humaine et crédible de McCall. Un personnage dont la sincérité reste plus moins perceptible à l’écran. Brian Pullman, qui en incarne le mari, reste quant à lui très en retrait, presque superflu. Les antagonistes peuvent compter sur des acteurs qui ont bien étudié le manuel du parfait méchant, tandis que les nobodies secourus par McCall offrent une performance tout à fait convenable, sans être mémorable. En gros, ôtez Denzel Washington de Equalizer 2 et on se retrouvait avec un film direct-to-video.
Film d’action générique 2
Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus mais quelque chose m’a dérangé en visionnant Equalizer 2. J’ai eu la désagréable impression que la dimension locale du scénario avait cédé la place à quelque chose de plus complexe et surtout de plus décousu. On retrouve bien l’homme qui fait face à ses vieux démons en aidant la veuve et l’orphelin. Mais à plusieurs reprises, le héros clandestin disparaît au profit de l’ex-agent spécial. Le rythme de l’intrigue se perd, avec une trame de fond qui tarde à décoller (jusqu’aux deux tiers du film, où on a l’impression de découvrir un nouveau scénario). Heureusement, la conclusion reste relativement satisfaisante, tandis que toutes les pièces du puzzle trouvent leur place – même celles qu’on avait oubliées.
Mais que serait un bon film d’action sans un bon réalisateur ? Antoine Fuqua renfile sa casquette et nous fait profiter de sa longue et riche expérience, avec des scènes d’action jouissives, malgré quelques cuts de trop. Il donne à son héros une aura et une puissance qui forcent le respect. On n’en perd quasi pas une miette, même les temps morts nous baignent dans une intensité inattendue. Ce qui laisse au spectateur le temps de savourer certaines scènes, en se demandant quel sera le prochain coup de McCall. À défaut d’être très intéressant à suivre, Equalizer 2 reste dans l’ensemble un film agréable à regarder.
On va peut-être éviter le 3, non ?
Ce cinéma qui rend hommage – peut-être sans le savoir – à l’industrie hongkongaise de la fin du 20e siècle me parle beaucoup. Je suis donc très bon public pour des films tels que Taken (le 1 !) et Equalizer 2. Ce qui n’empêche pas au film de générer un début de lassitude avec une formule qu’on reprend et qu’on ressert parce qu’elle fonctionne. La présence du même réalisateur derrière la caméra et d’un Denzel Washington merveilleux de l’autre côté sauvent indéniablement Equalizer 2 du nanar qu’il aurait pu être. Ce qui nous laisse avec un film d’action très divertissant, le genre qu’on regarde pour décompresse avant de retourner vaquer à ses occupations.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à faire un tour sur le site officiel de Equalizer 2.
À bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce