Si certains limiteront le nouveau Tomb Raider au tour de poitrine d’Alicia Vikander, j’en retiendrai un film divertissant et une adaptation de jeu vidéo plus ou moins réussie. C’est déjà pas mal…
Où sont ses seins ?!
Je ne peux aborder Tomb Raider sans évoquer la “polémique” qui a entouré le buste d’Alicia Vikander. En effet, ces dernières semaines, de nombreux Twittos se revendiquant subversifs ont osé le dire. L’actrice aurait une bien trop petite poitrine pour incarner l’héroïne sexy de leur adolescence. Pire, ils ont crié au complot contre les SJW (social justice warriors) qui ont décidé de dénaturer l’oeuvre originale pour faire plaisir aux féministes. Pardon, au “féminazis”.
Je ne sais même pas par où commencer. Outre le sexisme dégoulinant de ce type de remarques, c’est leur postulat qui m’interpelle. Faire de la poitrine d’une héroïne de film un enjeu social me dépasse. À en croire ces messieurs, il est plus grave de réduire de quelques tailles les seins de Lara Croft que de limiter le personnage à son buste. Et c’est là que se situe le problème, s’il devait y en avoir un. La horde de #OnPeutPlusRienDire n’a cessé de descendre le film en réduisant une actrice, une personne, à ses mensurations. Elle a également regretté avec nostalgie Angelina Jolie (avec pour seul argument le fait qu’elle était plus charmante). Bref, si vous mangez de ce pain-là, évitez Tomb Raider car en effet, la féminité du personnage n’est pas mise en avant. Ce qui n’en fait pas un grand film pour autant.
Une Lara Croft humaine…
Quand on sort du schéma simpliste “petits seins = mauvais Tomb Raider“, on peut s’intéresser à la toile de fond et situer cette nouvelle adaptation dans son contexte. Depuis la fin des années 2000, les grand et petit écrans mettent en scène des personnages plus humains, plus accessibles. Le jeu vidéo a suivi la donne et nous permet (encore trop rarement) d’incarner des personnages ordinaires dans des contextes extraordinaires mais crédibles. Le jeu vidéo Tomb Raider sorti en 2013 s’inscrit dans cette tendance et Lara Croft y était nettement moins sexualisée qu’auparavant.
Le film suit cette logique et nous dévoile une Lara Croft très humaine, à laquelle on s’identifie dès les premières minutes. Sa combativité, son humour, ses gaffes sont autant de facteurs d’authenticité qui rendent le personnage attachant. Un phénomène constant tout au long du film, bien que nettement atténué sur la fin. Aussi peut-on saluer l’écriture. Elle ne se contente pas d’illustrer un sex symbol mais présente un personnage qui porte le film sur ses épaules. Hélas, il n’échappe pas à quelques punchlines hollywoodiennes bon marché, tandis que la séquence post-générique laisse à désirer. Mais dans l’ensemble, cette nouvelle version de l’héroïne remplit son rôle dans un film de divertissement. Voilà l’impression que me laisse Alicia Vikander mais si vous voulez juste retenir sa poitrine, allez-y…
… et des personnages très très secondaires
Une fois qu’on quitte Lara pour s’intéresser au reste du casting, c’est le désastre. Le plus-ou-moins-seul personnage secondaire, Lu Ren, est incarné par un Daniel Wu complètement sous-exploité. Ses quelques impacts sur le scénario sont anecdotiques, il conduit l’héroïne à sa destination et sort quelques plaisanteries foireuses. Quel dommage pour un acteur franchement plus capable (je vous invite à le découvrir dans The Shinjiku Incident avec Jackie Chan).
Vient ensuite le méchant. Insipide. Sans relief. Aux motivations peu crédibles. Mathias Vogel est un méchant sorti tout droit d’un jeu vidéo grand public des années 90 (il ne lui manque que la voix grave). Je ne connaissais pas l’acteur Walton Goggins mais sa prestation ne me donne pas envie d’explorer sa filmographie. La faute à l’écriture également, qui nous tend quelques perches pour susciter notre empathie vis-à-vis du personnage mais son traitement est si grossier qu’il nous hérisse les poils dès les premières secondes. Faut avouer que les quelques gorilles sans cervelles qui l’accompagnent (= sbires de méchants lambda) n’aident pas non plus. Bref, heureusement que Lara est là car Tomb Raider ne peut vraiment pas compter sur le reste du casting pour se distinguer.
C’est le scénario qui est très plat
Malgré toute la polémique autour de Lara Croft, je ne m’attendais pas vraiment à ce que Tomb Raider soit un bon film. Si j’éprouve une certaine aversion pour les commentaires sexistes, je ne suis pas plus convaincu par la thèse selon laquelle il faudrait se réjouir juste parce qu’un film met en scène un personnage féminin non sexualisé. En effet, cela n’épargne pas Tomb Raider de quelques maladresses bien senties. Pourtant, le film démarrait très bien. La première partie, agréablement surprenante, prend le temps de placer ses pions pour rendre la suite cohérente. On y découvre Lara, on s’attache à elle et on décèle même un soupçon de profondeur au film.
La seconde partie tombe malheureusement plus à plat. Tout d’abord, elle est prévisible (on peut même anticiper certaines répliques bas de gamme). On retrouve aussi les codes du jeu vidéo mais sans y être impliqué. Par exemple, Lara résout quelques énigmes sans qu’on comprenne comment, ce qui fait perdre aux séquences concernées tout leur intérêt. Ensuite, les enjeux de la trame, à l’ampleur pourtant catastrophique, ne suscitent jamais la panique chez le spectateur. À cela s’ajoutent des séquences dignes d’un jeu vidéo où Lara en prend plein la figure mais qui s’avèrent un peu trop longues dans un film. Tout cela n’a rien de bien dérangeant, à partir du moment où on considère Tomb Raider comme un film censé divertir. Ce qui est toutefois dommage, vu le potentiel de la première partie.
Un Tomb Raider divertissant, c’est déjà pas mal…
Dans une industrie qui a adapté Super Mario sur grand écran, Tomb Raider reste tout à fait honorable. Outre la pseudo-polémique autour du film, celui-ci reste plutôt divertissant. Toute autre attente, même en raison de l’actrice plus crédible et du traitement moins sexiste du personnage, serait une erreur. Tomb Raider n’a d’autre objectif que de satisfaire le spectateur lambda qui souhaite décompresser devant un film ne sollicitant pas trop son cerveau. Un constat amer, sachant que le film dispose d’un plus grand potentiel, renforcé par une actrice qui joue parfaitement le rôle. Deux crans en dessous, l’écriture et le casting nous rappellent toutefois que Tomb Raider reste l’adaptation d’un jeu vidéo et non pas un film porté par l’inspiration et la passion de son réalisateur.
Ce qui nous laisse avec une question : y aura-t-il une suite ? Oui, tout dans le film semble l’indiquer. Et vu la conclusion de ce premier jet, il y a de fortes chances qu’elle s’inscrive dans la même lignée. Et entre nous, je trouve ça plus dommage que le tour de poitrine de la tête d’affiche.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à faire un tour sur le site officiel de Tomb Raider.
À bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce
Dommage pour W. Goggins qui, dans The Shield et Justified, fait un méchant magistral, complexe et brillant…
C’est honteux de rater un méchant avec un tel acteur…
Si le premier n’est pas un échecs le prochain le seras…Au Etats-Unis le film est un flop…mais en France(je comprend maintenant pourquoi les films français les plus nul sont les plus célèbres en France)
Le film au USA est tout sauf un flop, il fait même mieux ue les prévisions !
En effet, le film est 2e au box office son premier weekend (battu par Black Panther). Et sur un budget de 90 millions, il a déjà encaisse près de 140 millions au niveau mondial (dont 30 millions aux États-Unis). En termes de rentabilité, Tomb Raider n’est donc pas un flop. Sera-ce suffisant pour une suite, en revanche ? Rien n’est moins sûr, quand on pense à l’histoire des Amazing Spider-Man (entre autres exemples).
Enfin, la réussite commerciale ne voudrait de toute façon pas dire que c’est un bon film et ça ne veut certainement pas dire non plus que la suite, s’il y en a une, sera bonne. Mais ça, c’est un autre débat.