Vous me lirez souvent répéter les mots suivants : les meilleures surprises sont celles auxquelles on s’attend le moins. Ça paraît évident et pourtant, on a tendance à l’oublier. Après un Doctor Strange un peu décevant, on m’a convié à une projection de Dernier Train pour Busan. Un film coréen de zombies que je pensais générique et qui m’a pourtant scotché à mon siège pendant près de 2 heures…

Un train bondé…

Tout d’abord, précisons que Dernier Train pour Busan n’est pas un film de zombies à proprement parler. L’oeuvre de Sang-ho Yeon puise dans les films de zombie, de catastrophe, de rapports humains pour mettre en avant son propos. Celui-ci part d’un postulat simple : un père, qui entretient une relation difficile avec sa petite fille, l’emmène chez sa mère en train. C’est là que tout déraille ! Une jeune femme visiblement malade entre dans le train et s’avère être infectée avant de contaminer d’autres personnes. Reste aux passagers à trouver un moyen de survivre… quitte à laisser tomber les autres ? Voilà qui schématise le triptyque de Dernier Train pour Busan.

Un triptyque maladroit car à vouloir aborder trop de thèmes, le film peine à les exploiter de manière exhaustive. Qu’il s’agisse de la relation entre le père et sa fille, des potentiels antagonismes entre les survivants, des zombies, de la catastrophe à plus grande échelle… difficile de traiter chacun des problèmes avec profondeur. Défaut principal du film, c’est également le seul qui mérite d’être souligné. D’autant qu’on passe facilement outre, compte tenu de l’intensité de la mise en scène, qui monte très vite et ne descend qu’avec le générique de fin.

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En quelques minutes, tout part en vrille… et la tension monte très vite !

1h58 pour Busan

Dès que les zombies infestent le train, le spectateur reste cloué à son siège, les poings crispés sur les accoudoirs. Je n’avais pas senti une telle tension depuis la première moitié de I am Legend (je ne ferai aucun commentaire sur la seconde… mais c’était quand même bien nul). La conception des zombies n’y est pas étrangère car, comme dans I am Legend, Dernier Train pour Busan troque les zombies en carton et quasi paraplégiques de The Walking Dead pour de vrais monstres assoiffés de chair et de sang. Sans compter qu’ils sont pratiquement impossibles à tuer sans une arme à feu (et encore, quand on voit ce qui arrive aux soldats dans le film, on en doute). Les zombies sont sérieusement effrayants et chacune de leur apparition contribue à booster notre rythme cardiaque.

Dernier Train pour Busan

C’est la police ? C’est l’armée ? Non, c’est des zombies…

Comme je l’expliquais au début, à la volonté d’exploiter des zombies féroces et effrayants s’ajoute le traitement bancal des relations humaines. Aucun problème pour les relations individuelles, qui peuvent compter sur un bon jeu d’acteurs de la part des protagonistes. Mention d’ailleurs aux Coréens qui maîtrisent mieux les émotions à l’écran que les Américains, où le héros pleure souvent en se contenant, courageux qu’il est, tandis que le soleil se couche à l’horizon. Bref, quid des rapports humains entre survivants ? Sans spoiler, ceux-ci m’ont laissé sur ma faim. On sent la volonté d’aborder le thème, et c’est louable, mais le temps manque, à cause des autres phénomènes abordés par Dernier Train pour Busan. On se retrouve donc par moments avec une version caricaturée de l’excellent The Mist de Frank Darabont.

Dernier Train pour Busan

Relations individuelles réussies, on s’attache aux protagonistes

Zombie, fais-moi peur

 

Malgré sa volonté d’en faire trop, Dernier Train pour Busan parvient à tenir en haleine le spectateur. Il alterne ingénieusement les scènes surdosées en action et les moments plus calmes. Ces derniers, particulièrement vicieux, ne laissent d’ailleurs aucune seconde de répit car la mise en scène est telle qu’on s’attend toujours à un nouveau danger. Mais contrairement à un film d’horreur lambda, Dernier Train pour Busan ne recourt pas à des codes éculés. Pas de jump scare gratuit ou d’incohérences masquées ici. Tout est dans l’ambiance et la manière dont le film aborde l’apocalypse de zombies.

Cette attention pour l’écriture semble avoir coûté au film quelques-uns de ses effets spéciaux. Si les zombies sont aussi effrayants par leurs gestes que leur aspect, l’utilisation d’images de synthèse reste perfectible. Pas de quoi gâcher la séance, d’autant que les scènes concernées sont peu nombreuses, mais un spectateur averti s’attardera une seconde dessus pour dire « ah ouais, là c’est quand même flagrant ».

Dernier Train pour Busan

C’est un peu trop calme…

Un bon film de zombies… ça faisait longtemps

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Dernier Train pour Busan n’est pas un chef-d’oeuvre cinématographique ou un film dont on parlera dans 20 ans. On en gardera toutefois un souvenir agréable, dans le cadre d’une époque qui aura abusé des zombies. Bonne mise en scène, jeux d’acteur de qualité, zombies effrayants, personnages attachants, tension omniprésente… le réalisateur a bien exploité les cartes qu’il avait en main. Dommage que le film devienne occasionnellement confus à cause de son trop-plein d’ambition.

Plus d’infos sur la page IMDb de Dernier Train pour Busan

Et prenez garde la prochaine fois que vous prendrez le train,

Musa

Le train de la mort

Bande Annonce :

https://www.youtube.com/watch?v=Ao2rhrh7fL4

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